Comédie de Molière, mise en scène de Jean-Louis Martinelli, avec Jacques Weber, Alban Guyon, Marion Harlez, Rémi Bichet, Christine Citti, Jacques Verzier (ou Gilles Vajou), Sophie Rodrigues, Vincent Debost, Aziz Kabouche et Paul Minthe.
Pièce tragique sur l’isolement et le malheur étendu à l’entourage, avec, au cœur, un vice, voici un nouvel "Avare", au Dejazet, autour de Jacques Weber.
Harpagon, bourgeois fort ladre, solitaire, encombré de deux enfants qu’il faut marier, va connaître la disgrâce la plus abominable pour les gens de son espèce : le vol de sa cassette. Mais l’amour de triompher, la bonne providence de tout résoudre et l’avare de jouir de son…mal.
Jacques Weber, comédien astral, mis en scène par Jean-Louis Martinelli, joue ce rôle à la manière d’un Raimu : il aspire, dévore, concasse, renvoie dans un trou noir. C’est un maître, un "vieux routier" impitoyable, et le formidable acteur, au fidèle public, que l’on va voir en confiance.
Son Harpagon ruisselle de désirs séniles, d’envie de plaire, et les gentils comédiens qui l’entourent ont beaucoup de mal à exister, rejetés dans les coins, accrochés à leur texte. La première scène est fort belle, la dernière, moins, le milieu, c’est Jacques Weber.
On pourra regretter un Seigneur Anselme qui mutile Molière avec des "italiennades" qui nous privent du fameux "A qui tout Naples–z’est- connu" et une surprise-partie vulgaire en queue de comète, mais "Jacques Weber !" (à la manière de "sans dot !"), ah, Jacques Weber, on aura vu Jacques Weber et Molière, écrit tout petit, sur l’affiche, sous les pieds de Jacques Weber - bien encombrants, ces vieux auteurs " Weber et Molière, c’est tout délices !
Un spectacle à déguster en famille, détendu, contemporain, décomplexé, qui tend la main, complaisamment, à tous ceux que le Classique intimide, et dans un des plus ravissants théâtres de Paris ! |