Il est des rencontres auxquelles on ne pense pas forcément, des rencontres qui pourtant finissent par provoquer, toutes proportions gardées, des petits glissements de terrains. Quand Alela Diane et Ryan Francesconi, tous deux résidents à Portland, finissent par se rencontrer, c’est sous les auspices de la saison hivernale qu’ils se mettent à collaborer.
De la rencontre émerge un opus de 8 titres, patronisé sous les augures de la Lune. Cold Moon est un développement artistique évoluant entre les courbes sensuelles et chargées d’émotions de la voix d’Alela et le jeu de guitare hors pair de Ryan. C’est une rencontre humaine, tout autant que stylistique. Les afficionados d’Alela la découvriront ici dans un contexte bien plus dépouillé que d’habitude, permettant à sa voix d’occuper un espace confinant à l’épiphanie ("Quiet Corner"). Mais n’allez pas croire que les productions s’étiolent lentement autour des épanchements d’Alela.
En effet, toutes les compositions de Ryan, exclusivement conçues pour Cold Moon, déroulent une puissance tranquille, gagnant peu à peu en intensité. Ainsi, Ryan applique plusieurs impulsions à ses compositions, leur offrant des élans inattendus conduisant parfois même sur des fins en apothéose, à la façon du titre "Migration".
Mieux encore, des titres comme "Shapeless" s’acheminent lentement mais sûrement vers un paroxysme d’émotions, provoquées par la litanie d’Alela ("We can’t hold back the night, we can’t hold it back") et discrètement ourlées par une production de plus en plus présente. Il faut dire que le bonhomme connaît son affaire, depuis les arrangements qu’il a eu l’occasion d’effectuer pour une Joanna Newsome et ses multiples projets personnels, il a appris à tordre ses inspirations pour leur offrir des formes s’adaptant au mieux à ses différents camarades.
Et c’est là toute la force de Cold Moon : une expérience rassemblant talents et émotions sous le même astre, avant de convoler vers des titres amoureusement pensés. En bref, Cold Moon est un peu l’opus rassurant qu’il fera bon d’écouter au cœur de l’hiver, pour se réchauffer les oreilles et l’âme. Oubliez les gros manteaux cette saison, cet album est tout ce dont vous avez besoin.
Cette année, pas vraiment de Fête de la Musique, juste un exercice imposé par le gouvernement de faire chanter un titre de Véronique Sanson à tous les musiciens (non nous ne sommes pas en Corée du Nord). De notre côté nous avons réalisé notre 3ème numéro de la Mare Aux Grenouilles à revoir ici. Pour le reste voici le sommaire.