Some kind of champion
(Splinter Records) octobre 2015
On se souvient encore avec nostalgie des Devics. Le duo, composé de Sara Lov et Dustin O'Halloran, était signé chez Bella Union au début des années 2000 et proposait une pop un peu planante marquée par la voix envoûtante de Sara et les arrangements au cordeau de Dustin. Des sortes de Cocteau Twins modernes, plus sages. Écoutez "Diamond Colored Funk" pour vous en convaincre.
Bref, Devics aurait dû en tout logique avoir du succès mais, bien que capable de remplir un Nouveau Casino, leur trop rare présence en France en termes médiatiques n'a pas aidé à les imposer au-delà de quelques milliers de fans. Comme manifestement ce n'était pas mieux dans le reste du monde, le groupe a cessé d'exister quasi naturellement, sans clash, sans disque d'adieu, comme une étoile filante disparaît sitôt aperçue.
Dustin s'est lancé dans divers projets, pour d'autres mais aussi en solo avec une collection de piano solo assez intéressante. Sara, retournée du côté de Los Angeles, avait un peu disparu des radars de la musique, devenue plus ou moins décoratrice d'intérieur et sortant tout de même quelques albums dans la plus grande indifférence tout du moins de ce côté ci de l'Atlantique ainsi que quelques titres par ci par là, notamment des reprises de façon assez confidentielle avec récemment une chanson sur un tribute à Wes Anderson.
Aussi c'est avec un enthousiasme certain que l'on accueillait il y a quelques mois l'annonce d'un nouvel album de Sara Lov en prévente sur PledgeMusic. Tout aussi réjouissant que les aventures en solo de Sarah Cracknell. L'avantage du crowdfunding étant au moins le caractère international de la chose, contrairement à des sorties sur de petits labels n'ayant pas les moyens d'exporter leur production. Some kind of champion est donc un nouvel album de Sara Lov sur lequel a (un peu) participé Dustin. Programme qui a déjà de quoi réjouir et qui effectivement réjoui d'autant plus à l'écoute. On retrouve immédiatement cette ambiance que l'on aimait tant chez eux. Suave, mélodique, on replonge dès le premier titre.
Cet album est, en effet, dans la droite lignée des précédents disques du duo à la différence près qu'il semble plus léger, sans doute parce qu'il sonne plus acoustique, plus direct, débarrassé de la production de l'époque qui, après écoute, n'a pas trop mal vieilli mais qui est légèrement plus manièrée. On vieillit mon brave ami, on s'assagit et on se débarrasse du superflu.
C'est donc sous le charme que l'on écoute les mélodies suaves et doucereuses de Sara Lov, toujours à la limite de la joyeuse ritournelle et de la ballade nostalgique. C'est beau, c'est séduisant, c'est le retour des Devics en quelque sorte et assurément un très réussi album solo. Procurez-vous ce disque sinon votre hiver sera froid et pluvieux.
Au passage, réécoutez aussi toute la discographie des Devics, notamment le superbe The Stars at Saint Andrea, magnifique.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.