Spectacle équestre conçu et mis en scène par Bartabas.
C’est un concert qui accueille le public dès le foyer. La fanfare des clowns en blanc et rouge qui entonne un air de jazz avant de disparaître, emportée par une grue.
On retrouvera ce même orchestre à l’intérieur du grand cirque où les clowns déambuleront en compagnie d’un boucher-confiseur (pour protester contre les conditions d’abattage des animaux).
Sur la piste, le premier tableau est saisissant : dans un vacarme assourdissant de voie ferrée en travaux, huit magnifiques chevaux viennent se placer seuls avant d’être rejoints par des anges, tombés du ciel jusque sur leurs dos.
Quant à Bartabas, en ange déchu affublé d’un petit chapeau rond, il conduit un cheval blanc dont les sabots dessinent des fleurs sur la terre de la piste sur la voix rocailleuse et mélancolique de Tom Waits. Hommage à Charlie-Hebdo.
Tout le spectacle sera aussi poétique et merveilleux, aussi festif et grave à la fois. Les tableaux s’enchaîneront, aussi splendides les uns que les autres qu’on ne saura où poser les yeux. On sera tour à tour éblouis, surpris, amusés par ces anges équilibristes, funambules et musiciens. On le sera tout autant avec ces chevaux superbes et d’une grâce folle : les fidèles compagnons de Bartabas dont certains ont marqué les précédents spectacles comme "Golgota".
Mais le merveilleux n’exclut pas une certaine gravité. Et Bartabas qui arrive la corde au cou ou joue un aveugle, incontestablement touché par les événements du début d’année, évoque l’actualité avec les visions marquantes d’étranges burquas sur échasses ou d’un cimetière de croix. Et chacun pourra trouver tout au long du spectacle de quoi vibrer et réfléchir.
Au final, on aura vu des images incroyables et retrouvé l’ambiance caractéristique de Bartabas, son humour et sa poésie aussi. Pour fêter les 30 ans du Théâtre Equestre Zingaro qu’on avait quitté il y a trois ans avec le formidable "Calacas", "On achève bien les anges (élégies)" est la parfaite célébration de l’univers d’un artiste rare, miroir de son époque, dans la plénitude de son art. |