Dog River Sessions
(Carnet de Route) septembre 2015
Pour mieux partager les mots qui vont suivre, je vous invite à vous procurer l’album physique, pour sa beauté bien sûr mais aussi pour vous permettre d’ouvrir concrètement la fenêtre qui offre la vue sur la Dog River, là où il a été enregistré, chez Rick Hirsch (producteur et musicien Américain), à Mobile en Alabama (USA). Vous vous retrouvez alors comme par magie sur le ponton qui vient se poser sur la rivière et sur lequel Claire Joseph, Skye ou encore Gaëlle Mievis venaient se ressourcer lorsqu’elles avaient besoin d’une pause. Le décor du bayou étant planté, et si vous êtes prêts à me suivre dans ce voyage, entrons maintenant dans leur musique : appuyons sur…
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"Si les mots sont des balles tue moi d’un je t’aime…". Le premier titre, "Du Rose Dans Les Veines", commence ainsi et l’effet "balles" prises en plein cœur est immédiat : envie d’aimer et d’être aimé sur le même rythme que cette première phrase mitraillée dans le texte. D’amour il est question, d’amour percutant, doux et fort à la fois, insufflé par trois voix, aussi unies qu’uniques. Des barrières tombent, des frontières aussi.
Passées les deux premières chansons en français, juste le temps du voyage, l'"Interlude Where are you from" nous accueille en Alabama. Nous voici plongés dans les couleurs chaudes du Golfe du Mexique, avec un soleil rasant les flots d’un texte aussi puissant qu’une immense vague déferlant dans l’estuaire du fleuve "Mobile" ("Old Man"). Je ne savais pas qu’il y a avait des mascarets sur ces terres… ce titre m’a submergée, littéralement.
Laissons-nous porter par cette vague et envahir par l’émotion chargée de limon lumineux... "enjoy the flight …".
Dès lors, c’est Beverly Jo Scott, auteur-compositeur-interprète, qui vient rejoindre ce trio pour leur donner la réplique sur un gospel "endiablé" ("Big River"). La rivière à portée d’imagination, la New Oleans sous nos pieds et ce titre dans les oreilles charrient des parfums de beignets de tomates vertes et des couleurs d’ocres sang pour venir s’échouer dans un rire enfantin. On comprend alors que rien n’est plus important que l’essentiel : le cœur.
"Interlude Welcome To Veet’s" : Gina Jo Previto, patronne du Bar The Veet's, présente les Sirius Plan. Elles ont joué dans ce Club lors du festival ChickFest (festival de femmes). Gina Jo Previto souhaitait créer un "mélange" avec des artistes locaux jouant fréquemment en Alabama. Un moyen pour elle de permettre aux habitants de Mobile d'écouter du français, avec ces mots : "Mobile a des racines françaises, alors il est cohérent que le français soit chanté ici". Ça c’est dit !
"In The City" s’échappe effectivement d’un de ces Clubs de jazz de La Nouvelle Orléans. Les portes battantes poussées, la musique vous entraîne dans une danse rythmée de claquements de doigts et de sourires débordant les visages. Le morceau qui suit est en français (avec un chuchotement anglo-saxon) et on se sent comme de retour dans une maison qu’on aurait quitté il y a longtemps, mais qui aurait inscrit les plus belles années de notre vie. Celle qui a construit nos racines. Les racines les plus profondes, dans lesquelles coule la sève des souvenirs les plus tendres. La rivière est toujours là. Les voix se joignent et se rejoignent dans des incantations presque chamaniques et le voyage se poursuit avec ce qui devient une évidence : "Being Is Beautiful".
Quelle douceur mais quelle profondeur… La balançoire des voix mêlées, installée sous un porche de lumière, nous berce tendrement. Son balancement ressemble à la régularité des flots du fleuve qui est désormais le sang qui coule dans nos veines. Une eau douce et purifiante, dans laquelle il est salvateur de plonger pour se défaire de nos peurs ou de nos doutes avant d’aller à la rencontre de l’eau salée de l’océan de nos existences.
Ce disque qui invite au voyage au centre de nos vies (présentes, futures ou antérieures) est avant tout un voyage bienveillant, lumineux, bienfaisant. Les 14 titres de cet album sont un ticket aller-retour dans un univers très riche en émotions et en couleurs, pour ceux qui voudront bien trouver dans ce voyage musical tous les trésors qu’il a à nous offrir, et ce à chaque étape ("notre histoire commence ici") que ce soit "Sur Les Rails" et jusqu’à la dernière "La Complainte De La Butte" : un final en franglais qui ne donne pas envie de se quitter, mais bien au contraire, d’appuyer à nouveau sur… "play".
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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