Comédie de Molière, mise en scène de Armand Eloi, avec Pierre Santini, Anne-Clotilde Rampon, Jimmy Marais, Cyrille Artaux, Arlette Allain, Michel Melki et Bertrand Lacy.
Monter Molière, toujours, avec une passion intacte, sans le rattacher aux manies et idées reçues du temps, pour lui rendre sa vérité humaine et sa profondeur intemporelle.
Arnolphe, barbon solitaire, tient en cage une jeune beauté primitive, dont il voudrait faire sa femme. Mais la prude Agnès va s’éprendre d’un jeune homme de son âge qui croira trouver en Arnolphe un confident et soutien. L’amour et la jeunesse triompheront, bien sûr. Et dans sa cage vide, le vieil amoureux transi attendra l’hiver.
Superbe comédie sur les projets bancaux, sur l’irréductible puissance de la Femme qui veut laisser entrer en elle la vie et accomplir l’ordre naturel, sur la vanité des barrages construits par l’illusion, sur la force de la jeunesse, "L’Ecole des femmes", ou école de la vie, séduit par la nuance, la drôlerie, l’émotion que dégage ce vieillard allant jusqu’à implorer l’amour de celle qu’il voulait mater, un instant plus tôt, et qui apprend ainsi le sentiment alors que le visage ne peut plus rien inspirer.
Armand Eloi a choisi une mise en scène sobre, à la réserve près d’un pianotage primaire qui, heureusement, ne couvre pas le texte.
Pierre Santini excelle dans la bonhommie pateline, cachant la vraie passion, qu’il peine tant à exprimer hors de la menace : son jeu, fin, retenu, force l’admiration. Auprès de lui, en petite coquette née d’une oie blanche, Anne-Clotilde Rampon incarne une Agnès piquante, rouée, fausse ingénue, petite vague déroulant sa force. Remarquable.
Jimmy Marais est un Horace honorable, aux côtés de bons professionnels (Michel Melki, Arlette Allain, Bernard Lacy et Cyrille Artaux).
Un spectacle de tradition pour un sujet intemporel : la liberté de l’amour. |