Il y a des disques comme des orages, où l’électricité n’est pas que dans les guitares, où la tension est largement palpable. Des disques, des groupes qui ne sont pas anodins, qui sont comme des mains autour de votre gorge et qui serrent, qui serrent…
Chez Summer, il n’y a pas de compromis. Sa musique électro-noise (presque post-punk comme dans "Dévaluer") pas comme les autres est aussi frontale que brutale. Les titres sont courts (trop peut-être…), secs, directs, à l’os, vont à l’essentiel. Le temps n’est plus à la tergiversation, il y a urgence. Le ton est donné dès les premiers coups de basse comme des coups de butoir qui résonne dans notre tête (et qui résonne tout au long du disque), la guitare noise hurlante, comme un arc électrique, et les changements de rythmes impromptus de "Jenifer", c’est clair on ne va pas rigoler.
Hot Servitude est noir comme sa pochette, presque sans respiration, mais des profondeurs de la fange pourrait poindre la rédemption ("ton corps, tes yeux, ma rédemption" dans "Vampire"). Summer continue d’appuyer depuis ses débuts (Parler à tous ces gens en 2001), là où cela fait mal et d’explorer les vicissitudes de l’existence humaine : les affres de l’amour, les rapports de (au) couple, la société, le sexe, la violence de la vie… Rien de franchement nouveau, me direz-vous ! Certes, mais ici les mots sont crus, sans fard et possèdent cette rare part de vérité essentielle.
Jean Thooris est tout sauf un poseur, il ne s’embarrasse d’aucune futilité (et facilité) pour cracher à la gueule du monde sa sombre vision de l’humanité. Il vous laissera hagard, chancelant, haletant de plaisir. Nécessaire.
"What Keeps Mankind Alive ? Mankind is kept alive by bestial acts”. Die Dreigroschenoper, Kurt Weill & Bertolt Brecht
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