Enregistré avec Samy Osta (La Femme, Feu ! Chatterton…), le disque scellant la collaboration entre Johanna Wedin, ex-chanteuse du groupe folk suédois MAI, et Jean Felzine, leader du trio rock clermontois Mustang, voit (enfin) le jour. Ou plutôt la nuit, si l’on en juge par le dessin en noir et blanc qui illustre sa pochette et que l’on doit à Anna Jean, de Juniore. Une esthétique épurée et sexy qui sied parfaitement aux bluettes joliment lo-fi et surannées nées de leur rencontre.

Rôdées au cours de nombreux concerts en version guitare-piano-voix, les quatre balades voient leur rythme relevé par la batterie du compatriote de Jo, Ludwig Dahlberg (The International Noise Conspiracy, Renan Luce, Indochine). Des battements propres à en faire des ritournelles plus palpitantes.

Inspirées d’un certain âge d’or des répertoires soul, pop et country américains (les 50’s et les 60’s), ces compositions romantiques servent d’écrins à la voix claire et puissante de Johanna, démultipliée par les chœurs habités de Jean. Le double "J" atteignant un sommet fusionnel sur le bouleversant premier single, "Idiot", qui réhabilite à lui seul le genre du slow et dont on ressort hébété par la montée émotionnelle.

Référencée mais sincère et spontanée, la force mélodique du duo se joue de la mièvrerie en faisant bon ménage avec l’ironie (des textes piquants sur la relation amoureuse) et l’allégresse (des orchestrations enlevées) : "La Valise", emballante avec ses "Oh Baby" finissant de vous transporter, le rocksteady électronique "Les Hommes (ne sont plus des hommes)" et son addictif refrain au phrasé robotique, l’exotique et chaloupée "Canopée".

Sans emphase ni nostalgie, le couple glamour se met à nu pour interpréter ses standards néo-vintage langoureux, soufflant un vent de chaleur sur une french pop figée dans la new-wave.