Comédie de dramatique de Harold Pinter, mise en scène de Christophe Gand, Jacques Boudet et Maxime Lombard.
Ce n'est pas la première fois que Jacques Boudet et Maxime Lombard jouent Gus et Ben, les deux tueurs à gages éberlués du "Monte-plats" d'Harold Pinter.
Toujours mis en scène efficacement par Christophe Gand, ils interprètent un Pinter traduit à sa façon par le grand Éric Kahane, celui-là même qui donna la grande version française de "Lolita" de Vladimir Nabokov et sous-titra les films des Monty Python.
On ne s'ennuiera donc pas à suivre les élucubrations des deux bras cassés planqués dans une ancienne cuisine d'un restaurant équipée d'un monte-plats. Poussant l'absurde et l'incongru dans une direction qui a des correspondances avec Samuel Beckett, le dramaturge anglais parvient à faire souvent rire.
Le duo d'acteurs est en parfaite osmose et le spectateur est tout de suite emporté dans leur monde déjanté. Quelquefois, on pourrait même se demander s'ils n'attendent pas Godot.
Mais "Le Monte-plats" est une fantaisie en un seul acte et, une cinquantaine d'années après sa création, il faut admettre que son argument a perdu beaucoup de son originalité. Des générations de tueurs à gage ayant du vague à l'âme ou s'avérant à côté de leurs crimes ont succédé à Gus et Ben, les derniers en date étant ceux du film "Bons baisers de Bruges" de Martin Mc Donagh.
La pièce appartient à la première période théâtrale de Pinter et force est de constater que le jeune homme en colère se cherchait encore. Cette réserve faite, Christophe Gand tire habilement parti du texte et du mystère minuscule que génère ce fameux monte-plats.
En outre, le décor conçu par Claire Vaysse, qui pose deux lits vieillots genre lits d'hôpital dans une atmosphère d'abri ou de cave, crée une ambiguïté intéressante : les deux personnages ne seraient-ils pas au Purgatoire ou dans une succursale de l'enfer et du paradis, en train d'attendre quel sort éternel va leur être réservé ?
Il faudra passer en leur compagnie une heure agréable et qui file très vite pour le savoir. |