Comédie dramatique de Koffi Kwahulé, mise en scène de Marie Ballet, avec Marion Amiaud, Aurelie Cohen, Jean-Christophe Folly, Matthieu Fayette, Ombeline de la Teyssonnière et Emmanuelle Ramu.
Nema est l'employée de maison d'un couple de publicitaires, les Gerbierdejonc. Le couple traverse une crise depuis que Idalie a obtenu une promotion et qu'elle est devenue la supérieure hiérarchique de son mari Benjamin.
Quant à Nema, mariée au fleuriste, il est de plus en plus fréquent qu'elle arrive au travail avec des ecchymoses sur les bras ou au visage.
Alors que la lutte contre la violence faite aux femmes est un des thèmes phare défendus par les pouvoirs publics, Koffi Kwahulé montre à travers "Nema" que la réalité est parfois éloignée des clichés.
Autour de la violence faite aux femmes en Occident, par opposition à sa pièce "Les recluses" sur la violence faite aux femmes en Orient, Koffi Kwahulé élabore une histoire qui se déroule comme un thriller. A partir de quelques impressions et de doutes, les signes se transforment peu à peu en preuves, alors que les victimes refusent toujours de témoigner.
Outre le rythme de la pièce qui oscille entre périodes de tension et scènes plus légères rendant ainsi encore plus glaçants les épisodes de violence, un des principaux atouts de ce spectacle est la psychologie des personnages.
Koffi Kwahulé dessine avec beaucoup de finesse les portraits de deux hommes manipulateurs pervers narcissiques, séduisants et sympathiques mais qui culpabilisent et dévalorisent leur compagne.
Chacun des six acteurs fait preuve d'une grande justesse d'interprétation. Marion Amiaud, Aurélie Cohen, Mattieu Fayette, Jean-Christophe Folly, Emmanuelle Ramu et Ombeline de la Teyssonnière se retrouvent tour à tour au centre de l'intrigue, initiateur ou victime, témoin ou acteur du drame en train de se dérouler.
La mise en scène dépouillée de Marie Ballet souligne les ambiguïtés des personnages et la musicalité du texte. Les corps des acteurs résonnent au rythme des mots, glissant parfois de manière discrète de la lumière vers l'ombre ou apparaissant tout en puissance au centre du dispositif scénique.
Les forts partis-pris de mise en scène, le jeu des comédiens et le rythme particulier du texte de Koffi Kwahulé font de cette pièce une oeuvre qui, bien au-delà du constat et de la description des violences faites aux femmes, questionne le spectateur sur les racines du mal. |