Comédie dramatique d'après le recueil éponyme de Bruno Allain, mise en scène de Manu Doublet, avec Antoine Cathala, Marie Cluzet, Marjorie de Larquier et Julien Verplanken.
"Quand la viande parle", c'est d'une langue crue dans laquelle percent le désenchantement et la désillusion. Car, passée l'exaltation du corps vite contaminée par l'ennui et la vacuité, la chair est insondablement triste.
Notamment pour la génération inféodée au mirage du nébuleux diktat de l'épanouissement personnel, qui ne doit supporter aucune entrave fut-elle affectivn et aux injonctions d'hypersexualité de la société post-moderne.
Alors, que reste-t-il du désir quand sont réalisés interdits, fantasmes et perversions ? Bruno Allain a planché sur différentes déclinaisons du sujet dont celles retenues par Manu Doublet, qui en assure l'adaptation et la mise en scène, sont imbriques à la manière du rubik's cube, tel le décor de Marc Pacon composé de boites modulables, et de la ronde schnitzleriennen dirige les comédiens dans un registre de jeu très organique.
L'un (Antoine Cathala) aime sa compagne mais voudrait être libre, celle-ci (Marjorie de Larquier) est heureuse mais voudrait souffrir un peu, l'autre (Julien Verplanken avec mention spéciale) est un sex addict phallocrate dont l'organe vital finit par se dérégler et la troisième (Marie Cluzet) se lasse des expérimentations bordeline.
Ces instantanés de vie mettent en exergue les caractéristiques communes de la génération de trentenaires que sont l'auto-analyse permanente et les rapports de couple tolérance zéro dans laquelle la violence est toujours sous-jacente.
Manu Doublet dirige efficacement un quatuor de comédiens au jeu choral parfaitement en osmose avec leur personnage pour qui est venu le temps de la désillusion et, peut-être, une autre vie. |