Comédie dramatique de Elisabeth Bouchaud, mise en scène de Nathalie Martinez, avec Clara Schmidt et Elisabeth Bouchaud.
Qualifiée de pièce de théâtre lyrique par son auteure Elisabeth Bouchaud, car émaillée d'extraits opératiques dont ceux emblméatiques de "La Traviata" de Verdi et de "Louise" de Charpentier, "A contre-voix" évoque une amitié féminine fugitive et contingente.
Dans les années 1920, l'une chante, l'autre aussi. La passion pour le chant lyrique fait se croiser deux destins : celui de Marguerite, une jeune fille de bonne famille tributaire d'une éducation conservatrice la destinant au mariage et Rose, une femme d'origine modeste devenue indépendante qui travaille dans un observatoire où elle se consacre à l'astronomie.
Pour la première, dotée d'une voix exceptionnelle, le chant constitue son seul espace de liberté et elle rêve d'une carrière artistique. Ne lui manquent qu'une confidente, compréhensif substitut maternel, et un catalyseur pour l'inciter à s'émanciper.
La seconde, cyclothymique qui porte en sus de la douleur de sa naissance d'enfant juive et bâtarde, celle d'une mère qui l'abhorre, se projette dans l'autre comme moyen de résilience et de vivre par procuration un rêve avorté. Mais la jeunesse est aussi tyrannique qu'inconstante.
Elisabeth Bouchaud a écrit une partition délicate tant au sens de l'écriture que de l'interprétation qui, dans la mise en scène sobre de Nathalie Martinez, évite de verser dans le mélodrame.
Egalement au jeu, elle forme avec la comédienne et soprano Clara Schmidt un duo sensible qui, dans un décor de coulisses, entre piano, méridienne et portants de costumes, se confronte dans un huis-clos fonctionnant selon le mode des vases communicants.
Avec une justesse de jeu tout en retenue, elle incarne de manière sensible la femme en proie à ses démons intérieurs tout comme Clara Schmidt porte la grâce et les promesses de la jeunesse. |