Comédie dramatique de Violaine Schwartz, mise en scène par Irène Bonnaud, avec Valérie Blanchon, Anusha Cherer et Jean-Baptiste Malartre.
Le titre interrogatif de la partition de Violaine Schwartz, "Comment on freine ?" se réfère tant à une brève suspension de la conscience qui atteint une conductrice et cause un accident qu'au concept de décroissance.
Toutefois, elle constitue davantage la monstration d'une résilience qu'une réflexion dramaturgique sur la mondialisation de l'économie et le néo-libéralisme.
En effet, elle relate, dans le cadre d'un huis-clos conjugal, les laborieuses retrouvailles d'un couple dans un nouvel appartement après la longue hospitalisation d'une femme qui manifeste les signes cliniques du stress post-traumatique.
L'ouverture de cartons contenant des vêtements réactive l'origine de l'épisode traumatique qui s'avère être l'annonce de l’effondrement meutrier au Bangladesh d'un immeuble d'ateliers de confection travaillant pour les grandes enseignes et marques occidentales, événement qui a suscité l'émotion internationale en appelant l'attention sur la condition des "forçats du textile".
Si le texte est laconique et d'une compendieuse densité dramaturgique, le spectacle s'avère long, près de deux heures. Car la résilience passe par un interminable psychodrame muet au cours duquel la femme va constituer des piles de vêtements qui deviennent cimetière et transforme les cartons en pierres tombales à la mémoire des victimes.
Le spectacle est donc phagocyté par la dérive plasticienne ce qui n'est pas dirimant par essence. Si ce n'est, qu'en l'espèce, elle repose sur un symbolisme, le vêtement lié au thème de la mort, vêtement que la metteuse en scène Irène Bonnaud, à l'origine de ce texte de commande, considère comme l'emblème de la mondialisation, et sur un dispositif scénographique fortement connotés et indissociables d'une oeuvre célèbre, et très médiatisée, celle de l'artiste contemporain Christian Boltanski qui, au demeurant, ne cesse de les décliner à l'envi depuis plusieurs décennies.
S'agissant de la condition ouvrière dans les pays sous-développés, elle n'est concr-tement qu'évoquée sous forme onirique par l'intervention dansée, parlée et chantée en bengali par la danseuse, chorégraphe et comédienne franco-indienne Anusha Cherer.
Cela étant, Jean-Baptiste Malartre, en homme primesautier et envahissant qui se débat avec une femme confuse et le montage d'une bibliothèque Ikéa, et Valérie Blanchon, toute en émotion sensible, campent parfaitement ce couple "bobo" pour qui cet épisode ne constituera sans doute qu'un épiphénomène propre à renouveler sa garde-robe. |