Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Les Femmes savantes
Théâtre des Quartiers d'Ivry  (Ivry)  janvier 2016

Comédie de Molière, mise en scène de Elisabeth Chailloux, avec Anthony Audoux, Philippe Cherdel, Bénédicte Choisnet, Etienne Coquereau, Camille Grandville, Florent Guyot, Pauline Huruguen, François Lequesne, Catherine Morlot et Lison Pennec.

Comédie satirique qui épingle le verbalisme, la cuistrerie et, surtout, le besoin de paraître de la bourgeoisie, "Les Femmes savantes" constituent le pendant féminin du "Bourgeois gentilhomme", plébéien saisi par la folie des grandeurs alors qu'il est encore englué dans ses racines paysannes.

Molière y dénonce le snobisme culturel, afférent à la préciosité, au scientisme et au goût des belles lettres, et le diktat des salons et des pédants, par le truchement d'une bourgeoise inculte, aspirant à intégrer l'élite sociale et culturelle et instrumentalisée par un petit maître intéressé, qui sème une zizanie clivante dans la maisonnée qu'elle veut placer sous la coupe réglée des nobles plaisirs, du bel esprit, des lois de la grammaire et du suc de la science.

Pour cette entreprise, elle est épaulée par sa belle-soeur, une vieille fille névrosée qui compense ses refoulements par l'imaginaire et le fantasme, en vivant dans le Pays du Tendre où tous les hommes la révèreraient sans prendre la licence de lui révéler leur amour, et sa fille aînée dévouée à l'étude de la philosophie qui permet de s'ériger au dessus du commun des mortels.

Son projet de mariage forcé de sa fille cadette plus encline aux appâts terrestres avec un pédant, alors que celle-ci a projeté d'épouser l'amant éconduit de sa soeur, initie une véritable bataille rangée.

Dans sa note d'intention, partant de l'analyse que les femmes savantes de Molière sont résolument féministes, Elisabeth Chailloux indique procéder à une mise en résonance avec le féminisme des années 1960, parallèle non pertinent dès lors que ses revendications concernent la remise en cause des rôles familiaux traditionnels et la liberté sexuelle.

Or, en l'espèce, rien de tel d'autant que la maitresse de maison, termes particulièrement appropriés en l'occurrence, porte la culotte dans son ménage, que la puissance paternelle triomphe et que le mariage, institution non contestée, se trouve au coeur de l'intrigue.

Cela étant, la contextualisation annoncée se révèle anecdotique et n'entraîne aucune conséquence dommageable dès lors qu'elle ne se manifeste concrètement que par certains des costumes confectionnés par Dominique Rocher et le recours à des chansons de variétés de l'époque "yé-yé"et que, de surcroît, le décor épuré de Yves Collet - rideaux de tulle noir et pré-carré scénique matérialisé par une bande rouge - ne se réfère pas à l'esthétique des sixties.

En outre, Elisabeth Chailloux n'a pas procédé à une adaptation du texte et les quelques bribes surnuméraires, pour dispensables qu'elles soient, ne dénaturent pas la partition originale.

Par ailleurs, elle dirige avec discernement les comédiens pour la déclamation des alexandrins, exercice qui même s'il n'est pas diligenté de manière homogène, permet une bonne compréhension d'un texte comportant de brillantes et antithétiques joutes oratoires dont la qualité ravit toujours à l'écoute.

Force également est de constater qu'elle a opté pour une mise en scène qui évite le registre de la farce caricaturale avec numéros d'acteur et verse plutôt dans un entre-deux entre la comédie de moeurs et la comédie de caractères afin de dépasser la dimension archétypale des personnages et signifier tant leur humanité que leurs contradictions.

Ainsi, Trissotin finement campé par Florent Guyot n'est pas, malgré ses ronds de jambe tant posturaux que littéraires, qu'un gandin coureur de dot et un pédant se produisant devant un mince auditoire de pécores qui se pâment devant ses vers de mirliton, mais également un homme déçu de ne pas voir son mérite reconnu et humilié par son homologue (Philippe Verdel).

De même pour la fille aînée interprétée par Pauline Huruguen, tiraillée entre le dépit amoureux, l'asexualité, le dégoût du mariage et ses aspirations intellectuelles, qui fera les frais du retour à l'ordre de la maisonnée après les assauts de la ligue du "bon sens" composée de son père, bonhomme et effacé, archétype moliéresque du barbon en quête de sa seule quiétude et des plaisirs organiques, belle composition de François Lequesne, de son oncle (Etienne Coquereau) et de la servante (Lison Pennec) qui ne renie pas ses origines.

Les futurs époux, (Anthony Audoux et Bénédicte Choisnet), reproduisent le couple parental, lui dévoué, elle, déterminée et Catherine Morlot compose une hilarante et crédible excentrique.

Quant à Camille Grandville, pétulante et instillant dans son jeu une bienvenue note de théâtre de boulevard, elle négocie parfaitement le rôle de la "reine-mère" dont le noble génie n'a pas vaqué toujours à la philosophie et qui mène la danse avant de retrouver le chemin de la raison qui mène au conventionnel heureux dénouement.

 

MM         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco

• Edition du 2024-03-24 :
L'Abolition des privilèges - Théâtre 13
Rebota rebota y en tu cara explota - Théâtre de la Bastille
Lisbeth's - Théâtre de la Manufacture des Abbesses
Music Hall Colette - Théâtre Tristan Bernard
Pauline & Carton - Théâtre La Scala
Gosse de riche - Théâtre Athénée Louis-Jouvet

• Edition du 2024-03-17 :
Une Vie - Théâtre Le Guichet Montparnasse
Le Papier Peint Jaune - Théâtre de La Reine Blanche
 

• Archives :
Painkiller - Théâtre de la Colline
Cavalières - Théâtre de la Colline
Lichen - Théâtre de Belleville
Les Bonnes - Théâtre 14
A qui elle s'abandonne - Théâtre La Flèche
Quand je serai un homme - Théâtre Essaïon
Mémoire(s) - Théâtre Le Funambule Montmartre
Les quatre soeurs March - Théâtre du Ranelagh
N'importe où hors du monde - Le Guichet Montparnasse
Holyshit ! - Théâtre de La Reine Blanche
Frida Kahlo - La Scala
Les petits chevaux, une histoire d'enfants des Lebensborn - La Reine Blanche
Le Petit Prince - La Scala
Burn Baby Burn - Petit Théâtre du Gymnase Marie Bell
Looking For Jaurès - Théâtre Essaïon
Tout le monde il est ... Jean Yanne - Théâtre Le Funambule Montmartre
L'Addition - Théâtre Sylvia Monfort
Les Caroline - Théâtre Les Enfants du Paradis
Les Travailleurs de la mer - Théâtre Le Lucernaire
Des ombres et des armes - La Manufacture des Abbesses
M'en allant promener - Comédie Nation
Les Chaises - Théâtre Lucernaire
Together - Théâtre de l'Atelier
Fatatras ! Inventaire de Jacques Prévert - Théâtre de Poche-Montparnasse
Old up - Théâtre de la Reine Blanche
Ma version de l'histoire - Théâtre Michel
J'ai si peu parlé ma propre langue - Théâtre de la Reine Blanche
Zoé - Théâtre de Belleville
Un sentiment de vie - Théâtre des Bouffes du Nord
Eurydice - Théâtre de Poche-Montparnasse
- les derniers (3)
- les derniers albums (6)
- les derniers articles (4)
- les derniers concerts (9)
- les derniers edito (1)
- les derniers expos (2)
- les derniers films (3)
- les derniers interview (1)
- les derniers interviews (264)
- les derniers livres (4)
- les derniers spectacles (7868)
           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=