Spectacle humoristico-chorégraphique conçu et mis en scène par Laura Scozzi, avec Dorel Brouzeng Lacoustille, John Degois, François Lamargot, Céline Lefèvre, Karla Pollux, Fanny Rouyé, Mélanie Sulmona et Jean-Charles Zambo.
Vilipendé par certains, car considéré comme non seulement conservateur et manichéen mais comme suppôt de la morale judéo-chrétienne et véhicule de la société hétéronormée et patriarcale, et loué par d'autres pour ses vertus sur la structuration psychologique de l'enfant, le conte, registre privilégié de la littérature jeunesse constitue un genre polysémique souvent transposé sur scène.
Avec un titre à rallonge,"Barbe-Neige et les sept petits cochons au bois dormant", Laura Scozzi annonce la couleur : elle ne vogue pas du côté de la dramatisation pommeratienne mais celui de la parodie.
La parodie potache, empreinte de l'esprit libertaire post-soixantehuitard, nourrie au bon lait du kitsch et du trash et de l'humour décapant à la Reiser et Wolinski, qui a été initiée au café-théâtre dans les années 1970, tel le fameux "Elle voit des nains partout" de Philippe Bruneau, et perdure encore en ce début de troisième millénaire.
Côté kitsch, la scénographie à l'iconographie dysneysienne en forme de page de livre pop-up signée Natacha Le Guen de Kerneizon et les costumes cheap ad hoc de Olivier Bériot remplissent leur mission.
Pour la composante trash, qui, en l'espèce, n'appelle guère que les gloussements et faux cris d'orfraie de spectateurs lycéens, Laura Scozzi met plutôt la pédale douce au regard du traitement comme ceux opérés tant en France par la Compagnie du Zerep, en France, avec son "Oncle Gourdin" 10804 ou, à l'étranger, avec, par exemple, en Grèce avec la version de "The Red Riding Hood" de Lena Kitsopoulou.
Donc, aucune novation sur le fond même si, avec pour factotum une fée trublion qui prend un malin plaisir à semer la zizanie dans le lieu culte de la forêt, Laura Scozzi revisite plusieurs contes de fée en les prenant à contre-pied.
Ainsi, et entre autres, elle féminise les trois petits cochons qui deviennent des petites cochonnes délurées qui fument et boivent comme des sapeurs, triplique Cendrillon qui perd escarpins mais aussi jambe et foetus et un nain est harcelé par sept Blanche-Neige bucheronnes.
En revanche, sur la forme, elle procède à une hybridation entre la pantomime et la danse hip-hop qui fonctionne bien et s'avère jubilatoire d'autant qu'elle est soutenue par l'enchainement et l'exécution des scènes extrêmement rapides - avec une belle performance physique des les huit danseurs - en adéquation avec le rythme de la musique, en l'occurrence les multiples thèmes et variations endiablées des "Caprices" de Paganini, qui imprime au spectacle l'allure en accélérée du cinéma muet.
Primant sur son intention pseudo-subversive, la dimension divertissante et roborative de cette fantaisie, qui ne pâtirait pas d'être allégée des dispensables gags surnuméraires qui, à plusieurs reprises, en cassent la mécanique, s'avère aussi jubilatoire que délicieusement régressive. |