Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Qui a peur de Virginia Woolf ?
Théâtre de l'Oeuvre  (Paris)  janvier 2016

Comédie dramatique de Edward Albee, mise en scène de Alain Françon, avec Dominique Valadié, Wladimir Yordanoff, Julia Faure et Pierre-François Garel.

Voilà une pépite, une réussite absolue, un grand moment de théâtre que "Qui a peur de Virginia Woolf ?" mis en scène par Alain Françon et interprété par un excellent quatuor.

Ecrite par par le dramaturge américain Edward Albee, cette pièce emblématique du théâtre moderne au titre en forme de "private joke", qui substitue la romancière anglaise au grand méchant loup dans la chanson-titre des trois petits cochons, constitue une formidable machine à jouer, dès lors qu'elle repose sur le jeu entendu de manière polysémique.

De plus, ce huis-clos aux allures de "murder party" offre aux comédiens une magistrale partition déclinée sous forme de mémorables échanges d'invectives.

Dans cet opus inscrit dans le théâtre de l'intime, Edward Albee décline la topique du pandémonium conjugal dans lequel au jeu de massacre érigé en rituel, la fameuse danse de mort strindbergienne, qui assure une fonction de compensation, est adjoint un jeu de la vérité qui nécessite la présence d'un auditoire, un couple miroir qui, pris à partie, va passer de simple témoin à cible dédiée.

Par ailleurs, il comporte également une satire sociale virulente en raison de son fort ancrage tant spatio-temporel que sociétal, les Etats Unis du début des années 1960, ceux de JFK et de l'American way of life, et le microcosme élitiste universitaire ce qui, toutefois n'affecte pas l'intemporalité de sa thématique centrale.

Ainsi, un couple de cinquantenaires, George, professeur d'histoire, et Martha, son épouse et fille du président de l'université, reçoit, sous couvert de convivialité, un jeune professeur de biologie récemment engagé et son épouse. Le vide existentiel, le ressassement du passé, minés par une succession d'échecs, échec amoureux et sexuel, mariage stérile, absence de promotion sociale, qui les exclut de la norme en vigueur, et l'incapacité de se projeter dans l'avenir les figent dans un immobilisme angoissant et à de fortes tensions entre les pulsions de vie et de mort.

Pour un tel opus, le cadre semble secondaire mais le choix d'une scénographie hopperienne avec le décor minimaliste et impersonnel de Jacques Gabel, un vestibule dépersonnalisé avec une moquette rouge élimée, un canapé chesterfield noir et un escalier latéralisés à l'extrémité du plateau et les lumières tranchantes de Joël Hourbeigt, s'avère judicieux pour répondre à son réalisme illusionniste.

La mise en scène de Alain Françon consiste uniquement, ce qui n'est toutefois pas une mince affaire, à encadrer subtilement ce gigantesque et malestromique affrontement pour garder le cap et un train d'enfer sans qu'il ne s'égare ni ne vacille. Et ce parce que la distribution est émérite.

Pour camper le jeune couple idéal déjà initiés aux jeux de pouvoir, Pierre-François Garel et Julia Faure. Formé à une bonne école, il a suivi l'enseignement de Dominique Valadié au CNSAD, Pierre-François Garel, un des plus talentueux de sa promotion et vu récemment dans des registres aussi différents que celui de "La dernière idole" de Hélène François et Emilie Vandenameele et de "La demande d'emploi" de Michel Vinaver, est parfait.

Avec un jeu assuré, il campe efficacement le jeune professeur ambitieux et carriériste, arroseur arrosé piégé par la fausse ingénuité d'une Martha en herbe interprétée avec justesse par Julia Faure, issue de la même promotion.

Au sommet de leur maturité et de leur art, Dominique Valadié et Wladimir Yordanoff sont époustouflants non seulement parce qu'ils ne versent jamais dans le numéro d'acteur mais parce qu'ils livrent la substantifique moëlle textuelle et sculptent mot à mot tant la monstruosité que la fragilité de leur personnage pétri dans la douloureuse pâte humaine.

Dans sa petite robe noire et avec son carré crêpé à la Jackie kenndey, naviguant entre baby doll à l'Oedipe non résolu, desesperate housewife et stéréotype de la femme américaine castratrice, Dominique Valadié est magistrale dans le rôle de bourreau polymorphe qui plante ses banderilles (auto)destructrices avec une implacable détermination.

Wladimir Yordanoff manifeste le même talent pour incarner l'homme humilié, impuissant, incapable de tenir ses promesses tant comme figure masculine substitut paternel, mais qui excelle dans la manipulation et qui, comme dans tout duo sado-masochiste, est le soumis qui dicte les règles du jeu d'autant qu'il excelle dans la manipulation psychologique.

Donc, à voir absolument.

 

MM         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco

• Edition du 2024-04-21 :
Sonate d'automne - Théâtre Studio Hébertot
Preuve d'amour - Théâtre Le Guichet Montparnasse
Frida - Théâtre la Manufacture des Abbesses
Royan, la professeure de français - Théâtre de Paris
Objets inanimés avez-vous donc une âme ? - Théâtre du Guichet Montparnasse
Après les ruines - La Comète - Scène Nationale de Châlons-en-Champagne

• Edition du 2024-04-14 :
Tant que nos coeurs flamboient - Théâtre Essaïon
Les Chatouilles - Théâtre de l'Atelier
Notes de Départs - Théâtre Poche Montparnasse
 

• Archives :
La Forme des Choses - Théâtre La Flèche
L'île des Esclaves - Théâtre Le Lucernaire
Enfance - Théâtre Poche Montparnasse
Come Bach - Théâtre Le Lucernaire
Hedwig and the angry inch - Théâtre La Scala
Les Crabes - Théâtre La Scala
Je voudrais pas crever avant d'avoir connu - Théâtre Essaïon
Punk.e.s - Théâtre La Scala
L'Abolition des privilèges - Théâtre 13
Rebota rebota y en tu cara explota - Théâtre de la Bastille
Lisbeth's - Théâtre de la Manufacture des Abbesses
Music Hall Colette - Théâtre Tristan Bernard
Pauline & Carton - Théâtre La Scala
Gosse de riche - Théâtre Athénée Louis-Jouvet
Une Vie - Théâtre Le Guichet Montparnasse
Le Papier Peint Jaune - Théâtre de La Reine Blanche
Painkiller - Théâtre de la Colline
Cavalières - Théâtre de la Colline
Lichen - Théâtre de Belleville
Les Bonnes - Théâtre 14
A qui elle s'abandonne - Théâtre La Flèche
Quand je serai un homme - Théâtre Essaïon
Mémoire(s) - Théâtre Le Funambule Montmartre
Les quatre soeurs March - Théâtre du Ranelagh
N'importe où hors du monde - Le Guichet Montparnasse
Holyshit ! - Théâtre de La Reine Blanche
Frida Kahlo - La Scala
Les petits chevaux, une histoire d'enfants des Lebensborn - La Reine Blanche
Le Petit Prince - La Scala
Burn Baby Burn - Petit Théâtre du Gymnase Marie Bell
- les derniers (3)
- les derniers albums (6)
- les derniers articles (4)
- les derniers concerts (9)
- les derniers edito (1)
- les derniers expos (2)
- les derniers films (3)
- les derniers interview (1)
- les derniers interviews (264)
- les derniers livres (4)
- les derniers spectacles (7885)
           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=