West Kirby County Primary
(Domino Records) novembre 2015
Je suis nue. Je suis dans ma baignoire. J’ai mis des bougies, du bain moussant. Tout est parfait. Dans un moment comme celui-là, le choix de la musique est fondamental et, en ce qui me concerne, se limite à deux disques de prédilections. Le Boléro de Ravel, quand je me sens d’humeur à conquérir le monde, et dans toutes les autres situations, l’album éponyme du Velvet Underground, sorti en 1969, communément appelé "l’album au canapé". "What goes on", "Some kinda love", "Pale blue eyes" et "Jesus" qui s’enchaînent… L’album parfait pour un bain parfait. Jusqu’à aujourd’hui.
Aujourd’hui, un troisième disque vient rejoindre le cercle très fermé des disques que j’écoute en prenant un bain. L’heureux lauréat s’appelle Bill Ryder-Jones, et son album West Kirby County Primary. Il est, lui aussi, nu dans sa baignoire, et me regarde en se marrant.
Ancien membre du groupe The Corrals, il a collaboré en tant que guitariste sur les différents projets d’Alex Turner : The Last Shadow Puppets, Arctic Monkeys (guitariste invité sur leur dernier album AM et la tournée qui a suivi) et sur son album solo Submarine. On ne s’étonnera donc pas que l’album sorte également chez Domino Records, et qu’il ait été mixé par James Ford (crédité en tant que producteur sur tous les projets qu’on vient de nommer).
En tant qu’artiste solo, c’est son troisième opus. Un premier album instrumental et orchestral en 2011, If… et un deuxième, chanté cette fois ci, en 2013, A bad wind blows in my heart, album plus sobre et dépouillé. Le troisième album qui nous intéresse aujourd’hui, a été écrit et enregistré, comme l’album précédent, dans sa chambre d’enfant, dans la maison de sa mère à West Kirby, le quartier où il a grandi, sur la côte anglaise, à deux pas de Liverpool.
Un voyage introspectif, pour mieux se trouver et se reconstruire. L’album n’en est pas déprimant pour autant, juste beau et doux, à l’image du premier morceau "Tell me you don’t love me watching". L’anglais n’hésite pas à intégrer des moments plus électriques, plus énergiques, comme des points d’orgue, des hurlements libérateurs au milieu de petites confessions, comme le fabuleux "Satellites". Un disque à cœur ouvert, dans lequel l’artiste se livre à nu et avec brio, sans tomber dans le nombrilisme.
Il est actuellement en tournée, principalement en Angleterre, et prendra les routes de l’Europe au mois de mai, pour une série de concert en première partie des Mumford and Sons.
Je suis nue. Je suis dans ma baignoire. La mousse a disparu et les bougies font un dernier effort avant de succomber. J’écoute West Kirby County Primary de Bill Ryder Jones.
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