Pluton fut pendant longtemps la neuvième planète du système solaire jusqu’à ce funeste jour qui est resté dans toute les mémoires, du 24 août 2006, un jeudi, où elle fut requalifiée de "Planète Naine" et où elle fut ajoutée à la liste des objets mineurs du système solaire. Sans doute ému, touché, comme nous l’avons tous été par cette injustice, Ludéal a décidé de baptiser son quatrième album Pluton, et quoi de mieux qu’un disque majeur pour rendre hommage à un objet mineur ? Je ne sais pas.
Oui, Ludéal vient de signer un disque majeur, et pourtant il ne fait pas la couv’ d’hebdos trentenaires, il n’est pas en haute rotation sur les radios qui se targuent d’avoir de l’esprit et c’est bien dommage. Pourquoi ce disque est majeur ? Ça, je sais.
Quand les français essaient de faire de la pop ambitieuse, en chantant dans la langue de Molière (alerte cliché — mais c’est pour éviter une répétition donc j’ai le droit) souvent ça donne un résultat boursouflé, grandiloquent avec des cordes de partout enregistré en Roumanie parce que c’est moins cher et surtout pas de chant parce que le maître étalon c’est Gainsbourg, donc c’est calambours et talk-over à tous les étages, je ne donne pas les noms.
Ici c’est tout le contraire, dès le "Bel être" qui ouvre l’album on se croirait plus chez Timber Timbre ou chez les Tindersticks que chez les mangeurs de grenouilles. Il faut dire que la voix de Vincent aka Ludéal à ce timbre si particulier qui retient l’attention, une voix grave et qui en impose, il en use sans en abuser, c’est-à-dire sans baser tous les morceaux dessus, comme trop chanteur à grosse voix le font, font, font. Sa voix il la met au service de textes poétiques parfois elliptiques, assez bashungiens, il faut l’avouer : "Mes molles odyssées dans l’océan cortex, m’ont toujours transporté, en délicatesse…", influence qui se retrouve aussi de temps à autre dans sa façon de chanter, mais ce serait terriblement injuste de le considérer comme un simple ersatz car Ludéal est capable de jouer tout seul comme un grand avec le français et ses sonorités sans tomber dans le jeu de mot ou dans la poésie adolescente, il sait écrire des textes qui restent en tête et qui marquent comme sur "Là où tu restes" par exemple.
Ludéal signe une pop riche et extrêmement mélodique, osant mélanger les moments planants et les moments plus groovy comme sur "Absolus Amateurs", "A toi Adieu" ou le funky "Aussi Torride". Jamais avare d’idées, que ce soit des chœurs féminins en sirène hypnotique, des finales en trompette. Capable sur "Dans ma ville" de construire tout un univers sur un thème de piano qui va au fur et à mesure évoluer, s’élever comme la construction d’une ville justement, prenant de la hauteur, pour mieux finir là où il avait commencé. Bref, des arrangements riches mais jamais indigestes, s’il fallait choisir un astre pour décrire la musique de Ludéal, ce ne serait pas une planète naine assurément, mais bien le soleil tant ce disque est lumineux.
Les derniers mots de ce Pluton, sur le magnifique "Rai de lumière", sont "Je crois que j’ai tout dit", franchement on ne l’espère pas…
# 06 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher
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