Seul en scène de Richard Bohringer.
Acteur, comédien, réalisateur, chanteur, écrivain, Richard Bohringer a déroulé le ruban de sa vie sans parcimonie. Parce qu'il voulait partir. Avec la septantaine, il veut rester.
La ligne d'horizon se rapproche et, désormais au régime sec et après un sévère coup de semonce côté santé, plus d'échappatoire, il la voit se rapprocher mais sans crainte car il sait qu'il sera accueilli là-bas par ceux qui l'ont précédé, ses compagnons de picole, tels Jacques Villeret et Roland Blanche qu'il évoque avec émotion.
Et puis il oublie la camarde en se fixant des petites échéances. Comme remonter sur scène, avec sa fille Romane, avec "J’avais un beau ballon rouge", puis tout seul, en reprenant son spectacle "Traîne pas trop sous la pluie" car le cinéma le boude, sauf Jean-Pierre Mocky.
Pas vraiment un spectacle calibré et balisé mais une heure passée sur scène pour conter quelques épisodes de sa vie de défonce et de bourlingue réelle ou fantasmée et ses délires éthyliques, ici, dans un hôpital, et surtout ailleurs, après la mer, en Afrique ou à Harlem avec toujours une belle femme noire, qui ont laissés des marques encore à vif dont le sang se fait encre.
Ce griot occidental, qui vénère l'écriture et la pratique avec la flamboyance du libertaire, sous influence des mythiques aventuriers américains, scande une langue syncopée presque slamée.
Et si, entre l'ode à Mendy, son ange boxeur, et l'adieu à l'alcool, il distille encore quelques considérations lucides sur le monde politique, le combat rageur a cédé le pas au désenchantement. La voix est toujours là, la présence aussi. Il ne lâche pas le morceau, dit-il. Qu'il tienne bon la plume.
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