Nacer Blanco
(Marxophone Records / Label Le Saule) février 2016
Borja Flames est ce qu'il est convenu d'appeler une personnalité étonnante. Espagnol exilé à Paris, il aura eu plusieurs vies d’homme et de musiciens (Tedium, Belmonde, June et Jim) qui le verront se frotter au rock, aux musiques improvisées et expérimentales, à la chanson Française, à la musique de ballet ou de Théâtre. Un artiste inclassable et ce Nacer Blanco n’aidera pas ceux qui aiment à donner des étiquettes et cataloguer les gens.
Nacer Blanco donc. Naître blanc. Le premier album solo de Borja Flames (même si Marion Cousin, son autre moitié dans June et Jim se cache de-ci de-là) où l’espagnol chante, triture, s’amuse à construire et à démembrer, non sans humour parfois, une musique qui ne semble uniquement guidée que par la liberté. Un album solo où le musicien ne quitte pas trop le nid, Borja Flames ne considère justement pas Nacer Blanco comme son premier disque en solitaire mais plutôt comme son bâtard. Le terreau musical de base est en effet assez proche du duo, on retrouve cette musique incantatoire, ces jeux rythmiques (issus des musiques traditionnelles ibériques et d’Amérique du sud), cette polyphonie étrange.
Nacer Blanco, c’est un temps rythmique pas toujours mesuré, presque sans jalonnement régulier mais avec un côté hypnotique pas très éloigné d’un rituel où l’esprit dépasse le cœur au jeu de métronome. C’est également une musique de haute voltige, cultivée et lettrée, à l’espagnol soigné et ironique, où Borja Flames croise les timbres, les sons, les harmoniques, les folklores et joue au funambule sur un fil distordu, où les mélodies évoquent plus une manifestation spontanée de folie. Les sons se superposent, les mélodies tourbillonnent entre contrepoint et fugato, les dissonances deviennent enivrantes et se transforment en amours sorciers (l’esprit de De Falla es-tu là ?). La musique née sous nos oreilles sous forme de parfois fragiles (tout ne semble tenir qu’à un fil, à un superbe presque rien…) collages, l’autre passion du musicien espagnol, pas forcément expérimentaux mais toujours savants.
Ce disque est envoûtant, chamanique ou hermétique en fonction de son degré d’affection pour ce genre de musique, choisis ton camp camarade !
Le premier tour des élections municipales fut le signe du début du confinement. Espérons que ce second tour ne sera pas l'appel à un second confinement. Quoi qu'il en soit : Soyez prudents, soyez heureux et cultivez vous ! c'est parti pour le sommaire en commençant par le replay de la Mare Aux Grenouilles #4 (eh oui déjà !)