Fermez les yeux… Imaginez un disque qui réunisse le talentueux multi-instrumentiste (claviers, saxophones, clarinettes…), voyageur et photographe Renaud-Gabriel Pion (à son actif des œuvres comme : First Meeting (musique minimaliste pour clarinette et basse électrique) et Paradise Alley (orchestre & improvisation), Voices In A Room (performance piano solo et électronique, avec Jennifer Charles, Noël Akchoté, John Greaves…) des collaborations avec Lo’jo, Elysian Fields, Elvis Costello & Steve Nieve, Omar Sosa, David Sylvian...) et des invités prestigieux comme le guitariste Arto Lindsay, le pianiste Ryuichi Sakamoto, la violoniste et chanteuse Iva Bittova ou le trompettiste Erik Truffaz.
Un disque sur New York porté par son tourbillon architectural et musical. Un rêve non ? C’est un peu comme si Batman et Superman combattaient ensemble… Ouvrez les yeux. Ce disque existe, et le ramage se rapporte à son plumage : il est superbe. New York Sketches par Renaud-Gabriel Pion donc… On y retrouve la quintessence des styles des différents musiciens, le mélange de jazz, d’improvisation et de musique contemporaine (Dutilleux, John Adams, Frank Martin) cher à Renaud-Gabriel Pion, les volutes façon Erik Truffaz, la recherche de timbres et la liberté d’Arto Lindsay, les lignes claires de Ryuichi Sakamoto.
Tous ces fabuleux musiciens mêlés aux figures qui hantent ou ont hanté la big Apple : David Liebman, Steve Reich (ce disque n’est si éloigné que cela, au moins dans l’esprit, de City Life), Ornette Coleman, Lou Reed, les Talkings Heads, Maria Schneider (la musicienne qui a collaboré avec David Bowie pour son dernier et superbe disque).
New York Sketches est pensé comme une balade dans New York, comme un portrait en creux, tout un monde lointain, où chaque morceau représente plus ou moins un moment de vie, des images (la photographie a une place importante dans ce disque) ou une atmosphère. On y retrouve le mystère de l’instant, l’agogie de la polyrythmie de la ville et de ses habitants (les parcs, Brooklyn Heights, le B Train…), cœur battant parfois juste capté au dictaphone à cassette et les couleurs musicales qu’elle dégage.
Jazz minimaliste dans la forme mais maximaliste dans le fond, la musique post-impressioniste de Renaud-Gabriel Pion est un havre de paix, d’une belle sophistication aux lignes abstraites, aux sonorités parfois énigmatiques, à la subtilité harmonique figures de résonnances où se mêlent timbre, espace et mouvement. Fermez les yeux de nouveau… vous êtes à New York…
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