Il se passe parfois des choses étranges, quand un disque tourne en boucle pendant des heures, que les titres se mélangent, que les sons se mêlent, que l’écoute se transforme en une expérience presque mystique, quand calme et violence ne font plus qu’un.
Heron Oblivion fait de la musique psychédélique, terme le plus galvaudé depuis une bonne dizaine d’années et devenu fourre-tout mais vendeur. Alors pour illustrer leur musique, nous reprendrons les mots de David Rassent dans son livre Rock Psychédélique, un voyage en 150 albums chez Le Mot et Le Reste : "après des années de diffusion et de dilution, ce qui semble subsister sous toutes les formes du psychédélisme, c’est l’esprit. Et dans l’esprit du genre, ou de l’exercice psychédélique, il y a manipulation, voire subversion de la matière sonore (…) le rock se transforme pour ne plus être seulement lui-même".
Voilà… bien trop intelligent et expérimenté, Heron Oblivion, sorte de "super groupe" entre quatorze guillemets, composé de Meg Baird (Espers), Noel Von Harmonson (Six Organs of Admittance, Comets on Fire), Ethan Miller (Comets on Fire, Howlin’ Rain) et Charlie Saufley (Assemble Head in Sunburst Sound) évite les pièges du genre et l’inconsistance des effets de manche en confrontant San francisco sound, space rock, tempête de distorsion (comme un rappel que depuis 69, la fête est belle et bien terminée), et le chant vaporeux de Meg Baird, mélange rêche et anguleux coulant de source.
Heron Oblivion laisse une place importante au ressenti et allonge ses morceaux en longues plages instrumentales, ouvrant alors la voie à des ambiances sonores magnifiques et oniriques collant à la peau, porte ouverte au subconscient. La tension est constamment sous-jacente et se ressent dans la progression des chansons, dans les longs cycles crescendo et decrescendo et dans les mélodies cycliques et hypnotiques. A very good trip...
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