L'étrangleuse Memories To Come (MSMV / L’Autre Distribution, décembre 2015)
Sous ce sympathique et avenant patronyme se cache un duo lyonnais à l'originalité certaine de prime abord puisque l'un officie à la guitare tandis que l'autre joue de la harpe. Dit comme ça, cela peut effrayer et laisser craindre le pire. Mais derrière ce postulat de base pour le moins minimaliste, on découvre un groupe à la créativité débordante et riche d'histoires à raconter.
Entre musique chamanique, americana à la Woodie Guthrie et pop bancale qui lorgne parfois du côté des Blonde Redhead, l'univers de L'étrangleuse est aussi foisonnant que leur musique est minimaliste. Ou plutôt se concentre sur l'essentiel. Deux instruments et une voix, voire deux, s'autorisant tout de même çà et là quelques petits ajouts fort à propos (percussions notamment) comme sur "Ed" ou même en s'essayant à la langue maternelle ("L'un languit"), même si l'anglais est bien maîtrisé.
Chamanique, hypnotique, poétique et originale, la musique de L'étrangleuse a tout pour attirer votre curiosité et devrait comme il se doit vous saisir à la gorge !
The Missing Season Getting Back (Les Disques Normal, janvier 2016)
Aux premières notes de "Run On", on se croit en train d'écouter un nouveau titre des Posies ou des Lemonheads, back to 90's. Plus tard, c'est au Stone Roses ou aux Family Cat que l'on pense, sur "Fear" notamment. Avec cependant un filet de voix plus américain, entre Nirvana et Sugar comme sur "Party Girl". Alors qu'écoute-t-on en réalité ?
Et bien en fait, il s'agit d'un groupe breton, The Missing Season qui, avec ce cinquième album, continue sur sa lancée et se dessine sérieusement un style tout en distillant très clairement ses influences 90's. Les plus anciens d'entre nous se réjouiront de retrouver des sonorités entendues pour la dernière durant l'âge d'or des Black Sessions. Pas super original mais très bien fait et on se laisse porter sans aucun problème par les morceaux tous plus réussis les uns que les autres, voire même carrément tubesques.
C'est de la power pop, c'est ultra mélodique et l'album s'écoute comme on mange des bonbons, on n'arrive pas à s'arrêter. Point d'indigestion néanmoins, c'est léger, fun et réjouissant. C'est toujours la saison pour The Missing Season.
EL VYReturn to the moon (4AD / Beggars, octobre 2015)
J'ai pas mal écouté ce disque depuis sa sortie et à chaque écoute, je me demandais si cela valait le coup d'en faire une chronique. Le temps passant et comme vous le constatez en ce moment même, la réponse est oui, notamment parce que je continue d'y revenir malgré tout.
Le "tout" sus-mentionné représentant notamment le fait qu'il faut toujours se méfier des groupes éphémères formés par des membres d'autres groupes encore en activité, s'agissant en l'espèce de Matt Berninger, le bien aimé chez Froggy, chanteur charismatique de The National et de Brent Knopf qui officie notamment chez Menomena ou Ramona Falls. Bref, un super duo sur le papier, mais une pochette de disque un peu moche, un nom de groupe étrange, des morceaux de prime abord semblables à des chutes de leurs autres formations et c'est le doute.
Pourtant, une fois fait le deuil de la double paire de frangins de The National derrière les instruments, tout se passe bien. La voix de Berninger est toujours envoûtante sur "Careless" qui met la barre haute en ouverture du disque, les compositions surprennent et ne se reposent pas sur la réputation des deux garçons, la preuve en est sur "Happiness, Missouri" ou "I'm the Man to Be" emmenant toutes deux Berninger, et nous avec, sur des chemins de traverse. Et quand bien même il tenterait de crooner de sa plus belle voix comme sur "Paul is Alive", les compositions de son compère electro pop font plus songer à Leonard Cohen époque The Future qu'à autre chose.
La force de ce disque est donc bien là, au-delà de proposer des chansons plutôt chouettes et somme toute plutôt pop que l'on a envie de siffloter, d'apporter un univers nouveau à partir de deux univers déjà très forts et surtout assez différents l'un de l'autre. En espérant vous avoir donner envie d'EL VY.
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.