S’il y a un album que vous devez acheter en 2016, c’est bien celui-ci !
Je ne dirai jamais assez combien il est important d’acheter des disques. Pour que vivent les artistes en premier lieu, bien évidemment, mais pas uniquement, je m’explique : l’objet vinyle ou CD, au-delà du travail de l’artiste, renferme tellement de surprises ! Ces surprises, ces cadeaux, sont ceux de nos sensations, livrées à son écoute. Parfois, le simple fait de prendre l’objet entre ses mains, suffit à faire remonter le souvenir des trésors qu’il nous a offert … et celui-ci en contient beaucoup !
Cet album Elégie est bien plus qu’une galette de sons à pochette solaire, il nous relie. Il tisse les toiles ésotériques qui sont présentes dans nos vies, mais que l’on choisit trop souvent d’ignorer.
Il est le texte qu’on aimerait avoir écrit et l’émotion qu’on n’avait pas su exprimer. Il est un guide, un fil conducteur qui nous fait traverser allègrement les frontières du temps, passé, présent, futur. Un peu comme ces mini-clips qui annonçaient sa sortie (montés merveilleusement par Chloé Robineau, alias Robi)… des images d’un passé jauni qui nous rappellent ce qu’on a vécu, ou ce qu’on aurait aimé vivre, qui nous appartiennent avec pudeur. Parce qu’on a tous, à un moment donné dans nos vies, eu à traverser des couloirs de joies ou de peines, qui sont venus stigmatiser l’être en devenir et l’enfant bien emmitouflé sous ses pulls (parfois trop grands) d’adulte, mais qui a dû ou devra revenir à l’essence de la vie : la mort.
La mort d’un proche ou la mort d’un amour. Un départ est un départ, il faut l’accepter, même si c’est un adieu. Cet album recolle tous ces bouts de nous, que l’on a préféré faire semblant d’oublier, mais qui auraient été moins lourds à porter s’ils avaient été mieux rangés. Si quelqu’un, un jour, nous avait appris à dire au revoir. Cette musique, ces textes, ouvrent les tiroirs que l’on n’avait pas trouvés et nous aide à y déposer ce qui doit l’être.
Une musique comme ode à la vie, cette vie qui tel un océan vient tout balayer, pour laisser une plage à peu près vierge à de nouvelles marques de pas, malgré tous les grains de sable qui portent en eux l’iode de la dernière vague.
La composition est lumineuse, les textes ciselés et les chœurs qui l’accompagnent astraux. Katel s’est entourée de pures musiciennes et chanteuses de talent : Nathalie Réaux, Claire Joseph, Skye et Diane Sorel. Cet accompagnement n’est pas là pour servir de décor, il pousse le génie de Katel, le surélève… les voix, les claviers, les percussions, tout fait mouche. Il y a bien 5 filles sur scène, et quelle énergie… un véritable système solaire !
Ça fait remonter en moi, lorsque j’allais, petite, goûter aux premières vagues de l’océan, et que mon père me tenait solidement la main pour que je ne sombre pas par la force des courants. Que c’était bon !
Et bien voilà, plongez, laissez-vous submerger par la musique et par vos souvenirs… des filets tout au long du texte sont là pour vous ramener sur le rivage de vos quotidiens si vous perdez pied.
Les oiseaux des chœurs volent en permanence avec bienveillance sur tous les titres, le temps s’étire et plus rien ne presse. Tout est suspendu. Cet album contient l’essence même de la vie : la me(è)r(e), la musique, l’amour, les saisons, la mort. Tout est écrit ici, le passé, le présent, et le futur que vous souhaiterez lui donner…
Un indispensable dans vos médiathèques, mais avant tout dans vos vies, Elégie.