En coproduction avec le Museo Nazionale del Cinema à Turin, et deux institutions lausannoise, le Musée de l’Elysée et la Cinémathèque suisse, la Cinémathèque française propose une exposition consacrée à Gus Van Sant.

Présentée comme une "déambulation organisée et cadrée", elle a été élaborée autour d’un entretien entre le réalisateur américain et Matthieu Orléan, chargé des expositions temporaires, qui en assure le commissariat et

En effet, elle ne ressort ni à l'immersion dans les arcanes de la création comme fut l'exposition Almodovar, ni au décryptage de l'oeuvre cinématographique, comme pour Scorsese, ni à la mise en résonance réalisée pour Antonioni, mais au portrait kaléidoscopique d'un artiste plasticien à travers son univers iconographique.

Ainsi, dans la scénographie "white" cube" élaborée par l'Agence berthon+kravtsova, la monstration se décline en sections disciplinaires, celles pratiquées par un scrapbookeur qui navigue entre le cinéma, la photographie, la peinture et la musique.

Gus Van Sant, "expérimentateur de formes"

Gus Van Sant est né trop tard pour être un acteur de la Beat Generation, dont il se revendique mais sans en être l'enfant terrible, plutôt l'enfant arty en quête d'adoubement, sollicitant William Burroughs pour faire l'acteur, trop tard également pour être une figure de la contre-culture brandissant un anticonformisme esthétique et revendicatif, et comme, précédé par Larry Clark. pour être l'initiateur de la cartographie du mal-être de la jeunesse américaine.

Alors, formé à la polyvalente Rhode Island School of Design, il s'essaye à tous les arts suivant les traces formelles de ses pères artistiques.

En ouverture d'exposition, le portrait de Burroughs, qui voisine avec celui de David Bowie pour lequel il a réalisé plusieurs clips-vidéos projetés avec ceux, tous réalisés dans les années 1990, notamment des Hot Chili Peppers, dans la section Music, ouvre l'abondante section "Photograhy".

Sont réunis de nombreux polaroïds warholiens, portraits de jeunes pousses d'acteur, des années 1980, depuis devenues célèbres, réalisés lors de casting et des collages numériques empruntant la technique du cut-up pratiquée par Burroughs et Brion Gysin.

Pour le "Painting", une thématique hamiltonienne, mais version homoérotisme, avec des portraits de jeuens gens parfois à peine esquissés.

Des dessins de jeunesse et une série d'aquarelles réalisées en 2011 à partir d'images photographiques trouvées sur Internet qui accompagnaient les films performatifs ("Endless Idaho" et "My Own Private River") élaborés par l'acteur, réalisateur, scénariste et écrivain James Franco avec les chutes et les séquences de coulisse de "My Own Private Idaho" faisant l'objet d'une exposition à la Galosian Gallery à Los Angeles.

Pour les cinéphiles et amateurs, portion congrue pour la salle dédiée au cinéma avec quelques extraits de films, scénarios graphiques et des photos lors de la sortie des films sur lesquelles, à l'instar de celle du "portrait de famille" de "My Own Private Idaho", quadra capette à l'envers et chemise bucheron ouverte sur T-shirt, Gus Van Sant apparaît toujours en vieil adolescent.

Pour ces derniers, séances de consolation avec les débats et rencontres associées à l'exposition et, surtout, la rétrospective complète de ses longs-métrages.