"Listen to the sound, of a new tomorrow, Take over my dreams, walk into the feeling" ("Do It, Try It")
Alors, le nouveau M83 est-il une sombre merde, de la camelote (Junk en anglais) ? Un disque que l’on aimera qualifier plus tard de grand disque malade ? La suite logique de la recherche musicale d'Anthony Gonzalez, lui qui a toujours aimé, et nous faire aimer, regarder étoiles (M83 n’est-il pas le nom d’une galaxie spirale ?) ?
En quelques années et grâce à Hurry Up, We’re Dreaming, double album aussi efficace et ambitieux que démesuré et emphatique, M83 est devenu énorme, mais vraiment énorme aux Etats-Unis. Bien plus qu’en France malgré un beau succès. A l’image de Daft Punk, l’Antibois fait maintenant une musique pour l’international, voire même d’abord pour un public Américain, et non pour un public Franco-français, ce qui en soit change beaucoup de choses.
Pour être franc, la musique du néo-Californien n’a plus grand-chose à voir avec la dream pop electro ambient des débuts (M83 en 2001, Dead Cities, Red Seas & Lost Ghosts en 2003, Before The Dawn Heals Us en 2005, Digital Shades, Volume 1 en 2007, Saturdays = Youth en 2008) bien que son identité, cette façon de travailler les émotions et les textures sonores (et la voix notamment) soient toujours là. Terminé l’indie et son cercle de gardiens du temple vertueux, bonjour le mainstream.
Avec ce Junk, en réaction avec son disque précédent, mais suite absolument logique, Gonzales prend des risques, ose une pop généreuse jusqu’à l’intime. On aimera ou pas, qu’importe ! Nous balaierons d’un revers de la main "l’épineuse question du bon ou du mauvais goût". Crier avec les loups ne servira à rien. Foncièrement influencé par la musique des années 70-80-90, entre rock progressif, pop, comédies musicales, électro purement FM et variété Française, comme la collision entre Supertramp, Barbara Streisand, Gary Portnoy, George Michael, Andrew Lloyd Weber, Michel Berger, Jean-Michel Jarre, Steve Vai (présent sur "Go !" avec un solo dantesque), Junk est la bande-son du rêve Américain d’un gosse des années Mitterrand.
Si tu en fais partie, tu sais de quoi je parle. Tout cela serait bien vain si les chansons, si leurs constructions mélodiques (et pour le coup, ce disque est archi mélodique), harmoniques, dramaturgiques presque ne valaient leurs pesants de cacahuètes. Et derrière tout le glam, les paillettes, le second degré et le décorum c’est bien le cas. Même si tout n’est pas forcément du meilleur effet, "Bibi The dog", "Laser Gun", "Moon Crystal", "Atlantique Sud" (Elsa & Glenn Medeiros 2.0) passent difficilement, il faut le reconnaître. Les titres fourmillent de mille petites idées qui en font des tubes ("Go !", "Do It, Try It"), des slows braguette ("For The Kids")…
Junk se dévoile comme un disque déroutant au départ mais qui devient rapidement lumineux ("Do It, Try It" à la construction beaucoupîtlus fine qu’il n’y paraît), drôle, dansant, rêveur (les très beaux "For The Kids" et "Solitude"), bien plus intéressant et riche que les deux anecdotiques B.O (Oblivion et Les rencontres d’après minuit, réalisé par son frère Yann Gonzales) sortis il y a peu de temps. Un album libre et qui ne s’excuse heureusement pas d’exister. Un disque qu’il faudra réévaluer, assurément…