On est parfois content de ne pas avoir chroniqué un album au moment de sa sortie, et de lui avoir donné le temps de mûrir. A la première écoute, le plaisir de retrouver les ambiances western du groupe normand et la voix d'Helmut Tellier sur "Cinq est le numéro parfait", le morceau d'ouverture d'Avalanche est évident.
Cependant, les deux chansons suivantes, "Amazone" et "J'ai rêvé d'Avalanches" sont traversées d'énormes maladresses. La voix mise très en avant sur le refrain de "Amazone" fait ressortir ce qui est peut-être parmi les pires vers chantés en 2016 : "Pour reposer l'Amazone / Lécher ses hématomes /... / Caresser du silicone / Reposer l'Amazone". Outre l'absence de sens, ce texte ne "sonne" pas. Les consonnes ne claquent pas, et les rimes en "one" donnent une impression d'avachissement général de la chanson qui perd ses fondations.
Ensuite, malgré une belle intro tout à fait dans l'esprit de Gérard Manset, l'auditeur se retrouve de nouveau confronté à des images impossibles à défendre : "J'aurais tout fait / Même une bonne guerre / Bourré de somnifères / L'amour devenait un hobby / Une triste parodie / Un poulet du dimanche". Là encore, c'est sur le refrain que le bât blesse. D'autant que ces deux chansons, placées en ouverture, offrent des mélodies plus enlevées, et plus accrocheuses, que le reste de l'album.
Il faut donc passer ce début d'album pour retrouver ce qu'on aime chez La Maison Tellier, c'est-à-dire les ambiances, les textes, mais aussi pour découvrir de nouvelles pistes à explorer comme sur le joyeux et décomplexé "Beautiful Again", le folk rutilant de "Garçon manqué" ou les ambiances cinématographiques thriller de "23h59".
Disque en retenue, où les couleurs sont pourtant pour chaque chanson clairement marquées, Avalanche, le quatrième album des cinq normands de La Maison Tellier, ne manque pas de charmes et finit par s'imposer sur la platine malgré son architecture générale un peu bancale.