Comédie de Georges Feydeau, mise en scène de Jean-Philippe Vidal, avec Hélène Babu, Gauthier Baillot (ou Arnaud Simon), Ludmilla Dabo, Pierre Gérard, Romain Lagarde et Pierre-Benoist Varoclier (ou Nathan Gabily).
Après avoir été longtemps considérée comme une pièce de second ordre, "Le Système Ribadier" de Georges Feydeau connaît de nouveau les faveurs des metteurs en scène.
Jean-Philippe Vidal qui l'a montée une première fois en 2012 au Théâtre de l'Ouest Parisien a contribué à ce renouveau. La reprise, cette saison, de sa version du "Système Ribadier" devrait encore permettre de faire croître la réputation d'une œuvre d'une grande limpidité et d'une grande efficacité.
En effet, ce qui surprend d'abord dans "Le Système Ribadier", c'est qu'il s'agit d'un récit linéaire qui, à l'inverse des œuvres les plus célèbres de Feydeau, ne part pas dans tous les sens, se concentre sur quelques personnages et réussit avec peu d'éléments à déclencher une franche hilarité.
Angèle, veuve de Robineau, a épousé Ribadier. Ayant découvert que son premier époux la trompait joyeusement et consignait ses frasques dans un carnet, elle fait preuve d'une jalousie absolue envers le second. Celui-ci se dit irréprochable...
Mais, en fait, il a une "combine imparable", celle qui donne le titre à la pièce et qu'on ne révèlera pas. Toujours est-il qu'Angèle va percer ce "Système Ribadier" et qu'en une heure et demie endiablée, le spectateur le plus rétif au rire connaîtra des spasmes qui lui étaient inconnus.
Pour qu'une pièce d'une grande drôlerie devienne aussi irrésistible que dans la version présentée par Jean-Philippe Vidal, il faut un metteur en scène qui, à son image, sache avec son collaborateur artistique Denis Loubaton, prendre des risques pas si évidents qu'il n'y paraît. D'abord, il ne faut pas surcharger la scène.
De part et d'autre du plateau, deux portes blanches s'ouvrent et se ferment sans déboucher sur un décor. Quand on parle d'une fenêtre ouverte, elle est totalement imaginaire.
Reste simplement, en fond de scène, à placer un immense "portrait vidéo" de Robineau conçu par Damien Villière, qui évolue subtilement en fonction des circonstances, et deux fauteuils qui accueilleront Angèle à des moments-clés où Ribadier mettra en branle son système.
Ensuite, il faut une équipe homogène d'acteurs tous terrains, des athlètes capables comme Pierre Gérard de porter Hélène Babu, qui, de son côté, sait se figer en "statue" pendant plusieurs minutes. Gauthier Baillot, Romain Lagarde, Ludmilla Dabo et Pierre-Benoist Varoclier complètent avantageusement la distribution.
Au passage, on félicitera Jean-Philippe Vidal d'avoir eu l'idée "moderne" d'un couple interracial de domestiques, ce qui dépoussière cet aspect parfois suranné des vaudevilles de la fin du 19ème siècle. En soubrette mutine, Ludmilla Dabo ajoute une petit note personnelle charmante à son personnage.
Restait pour que ce "Système Ribadier" fasse date à ne jamais lui faire vivre des temps morts. Ici, tout est pensé pour que le rythme soit constant et que le rire ne faiblisse jamais.
Sans chercher à être voyante, mais en cumulant les bons choix qui dénotent un excellent esprit, la mise en scène de Jean-Philippe Vidal est un régal au service d'un Feydeau inégalable qu'il ne faut pas manquer. |