Comédie de Josiane Balasko, mise en scène de Dominique Guillo, avec Elisabeth Buffet, Denis Maréchal et Didier Caron (ou Jean-Christophe Barc ou Jean-Louis Barcelona).
Comédie doublement culte, au regard de son registre, celle du café-théâtre de la grande époque et de l'humour farcesque de la troupe du Spendid, "Nuit d'ivresse", écrite à la mi-temps des années 1980 par Josiane Balasko, n'a pas pris une ride et, hors de toute nostalgie, son comique fonctionne toujours.
En effet, elle s'avère intemporelle car tant par la situation que par le genre, ressort de la comédie romantique avec des personnages antinomiques qui fait toujours recette.
Dans un miteux café de la gare où échouent les paumés de la nuit et de la vie, la rencontre entre Simone, détenue en permission à l'allure de cagole, et Jacques, bambochard aviné, en smoking, démarre sur les chapeaux de roue et des salves d'invectives.
Puis, sous le regard du garçon de salle, beauf audiardien, la midinette dessalée qui n'a pas inventé l'eau chaude, et le bellâtre animateur célèbre d'un jeu télévisé qui se prend pour le premier moutardier du pape, tous deux adeptes du lever de coude vont conjurer leur solitude par une carabinée célébration du divin Bacchus, Ensuite... plus si affinités ? Rien n'est jamais impossible.
Dans une mise en scène débridée de Dominique Guillo qui respecte le ton d'une partition qui ne fait pas dans la dentelle, Didier Caron, désopilant en loufiat spécialiste de l'incruste, arbitre les prestations magistrales de deux humoristes spécialistes du seul en scène qui trouvent, en l'espèce, des rôles sur mesure et à la mesure de leur humour officiant dans des registres différents, pince-sans-rire pour l'un, trash pour l'autre.
Joliment perruqué, Denis Maréchal est parfait dans le prétentieux imbu de sa petite personne mais coeur blessé qui part en vrille.
Remarquablement attifée, Elisabeth Buffet, mène la danse, dont la mythique parade de majorette, avec un abattage "hénaurme" et décomplexé qui dame le pion à l'auteure créatrice du rôle.
Tous deux passent brillamment le cap du solo et pourraient bien s'inscrire en prétendants au rang des couples du théâtre de boulevard. |