En 2016, il reste encore des jeunes insoumis qui n’ont pas succombé aux sirènes de l’électronique ou du R’n’b et pour qui la musique ne s’envisage qu’avec des guitares électriques, le volume poussé bien haut de préférence.
C’est d’Aarhus, ville industrielle danoise, que débarque Yung avec ce premier album A Youthful Dream. Après des cassettes et EPs autoproduits, c’est sur le prestigieux label Fat Possum que le groupe atterrit, mettant un peu de côté l’aspect "Do It Yourself" des précédentes publications. Mais l’esprit punk est là : on sent l’urgence et la tension insufflées par le leader Mikkel Holm Silkjær dans ses chansons menées tambour battant dès le tonitruant et saccadé titre inaugural "The Hatch". Deux fortes compositions suivent dans le même registre : "A Mortal Sin" et "Uncombed Hair" qui concilient intensité et mélodie accrocheuse.
Mais le groupe sait aussi lever le pied, l’album ne se résumant pas qu’à une déferlante sonique, soutenue par une rythmique épileptique. Ainsi, des titres plus apaisés comme "Morning View" ou le malin "Bleak incident" apportent une respiration bienvenue. Des trompettes s’invitent même sur "The Child", preuve que le groupe oscille entre une recherche d’embellissement des morceaux et une insouciance instinctive. Yung accélère à nouveau dès "Commercial", titre sans saveur qui tourne en rond, avant d’enchaîner avec le très efficace "Pills" qui lorgne sans vergogne du côté de l’album bleu de Weezer, influence qu’on retrouvera plus tard sur "The Sound Of Being Okay".
L’album poursuit cette alternance de morceaux simples mais efficaces ("Blanket") avant de s’achever sur "A Youthful Dream", tendu et sombre au début et qui s’ouvre peu à peu. A l’image de cette dernière chanson, Yung semble parfois un peu hésiter, se chercher entre l’urgence "punk’s not dead", le classicisme "rock’n’roll will never die", les mélodies lo-fi déglinguées, le tout accompagné d’une voix éraillée typique du grunge. Rien de nouveau sous le soleil donc, juste le plaisir d’écouter un groupe dont on ne remettra pas en doute la sincérité et l’énergie communicative. Live Fast, Die Yung ?

Fat Possum Records / PIAS
juin 2016