Pascal Blua est graphiste indépendant, il a notamment travaillé pour The Apartments, Michael Head and The Red Elastic Band, 49 Swimming Pools, Dominique Dalcan, Les Objets, Frère Animal (Florent Marchet et Arnaud Cathrine), Olivier Libaux Uncovered QOTSA, Les Disques du Crépuscule, Microcultures, Violette Records. Comme c’est lui qui a réalisé le très bel artowrk de l’intégrale des objets, nous en avons profité pour lui poser quelques questions, sur lui, et donc sur cette intégrale…
Tu peux nous faire une petite biographie ?
Pascal Blua : Je suis né l’année où les Beatles et les Rolling Stones ont joué pour la première fois à Paris, et pour être tout à fait franc, je crois bien que mes parents n'y ont vu aucun signe. Par contre, ce jour là, ma mère a soigneusement découpé l'horoscope du jour de ma naissance dans le journal "France Soir", qui stipulait (je cite) : "Les enfants nés ce jour aurons des prédispositions pour les arts graphiques". Quelques années plus tard, bercé entre l'écoute des Beatles et des Rolling Stones (chacun de mes frères essayant de me convaincre que "son" groupe était le meilleur), j'ai découvert avec fascination le graphisme avec la pochette de l’album des Sex Pistols.
J'ai alors annoncé fièrement à mes parents que "je voulais faire pareil comme métier". Je dois bien avouer que je ne savais pas trop de quoi je parlais, mais ma mère a sorti de la boîte, où il était précieusement conservé, ce fameux petit bout de journal, en disant fièrement à mon père : "Tu vois, c'était écrit...". France Soir avait donc raison !
Comment en es-tu arrivé à faire l'artwork pour cette intégrale ?
Pascal Blua : En 2013, j'ai réalisé la pochette de l'album Uncovered Queens of The Stone Age pour Olivier Libaux, et depuis cette première rencontre, nous sommes restés en contact.
Lorsque le projet de cette réédition s'est initié, Olivier, sachant que j'étais un fan des Objets, m'a proposé de travailler sur l'artwork. Je ne connaissais pas Jérôme Rousseaux, ni les responsables du label Sony Legacy qui portent le projet. Nous nous sommes rencontrés, on s'est vite aperçu que l'on partageait pas mal de points communs et l'idée de travailler ensemble s'est imposé.
Comment as-tu travaillé dessus ?
Pascal Blua : Pour cette intégrale, j'ai vraiment souhaité ne pas limiter mon travail à une simple remise en forme des pochettes originales. Je voulais proposer un habillage graphique qui permettrait, d'une part, une cohabitation harmonieuse des deux pochettes originales et d'autre part, exprimerait de manière la plus juste possible, ce qui me semble être l'esprit de la musique des Objets : des chansons simples, lumineuses et colorées.
J'aimais aussi beaucoup ce parti pris "ultime" d'appeler cette réédition "L'intégrale des Objets", alors que nous ne n'avions que deux albums et quelques faces B. Après quelques recherches, nous nous sommes aperçu que nous n'avions pas de traces informatiques des artworks originaux. Olivier et Jérôme ont fouillé leurs archives et rassemblé tout ce qu'ils avaient en CDs et en vinyles.
J'ai proposé trois maquettes de pochettes et mon projet préféré, celui qui me semblait le plus représentatif de la musique des Objets, a rassemblé tout le monde… La force, la simplicité et la spontanéité visuelle de la lettre O, en font l'élément central du visuel et l'ensemble de l'artwork se décline naturellement en de multiples variations colorées autour de cette lettre, comme autant de chansons... O comme les Objets, O comme un tout… voici l'intégrale des Objets !
Que représentaient pour toi Les Objets ?
Pascal Blua : Mes souvenirs musicaux de cette époque sont forts. Soudain, alors que nous avions pour beaucoup, les oreilles rivées sur la musique anglaise, apparaissait en France, une scène musicale qui ne se contentait pas de reproduire la musique que nous écoutions, mais qui apportait un souffle nouveau sur la pop française. Je pense, entre autres, à des artistes comme Dominique A, Chelsea, Les Objets, Dominique Dalcan, Les Little Rabbits…
Nous avons repris sur la pochette de cette intégrale un article d'Emmanuel Tellier, paru dans les Inrockuptibles en Juin 1991 pour la sortie de l'album La Normalité. Il exprime parfaitement l'état d'esprit dans lequel j'étais vis-à-vis de la musique des Objets à cette époque.
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