Rock'n'roll party baby !!! Alors qu'une bonne partie des métaleux de Paname s'étaient donnés rendez-vous à la Loco pour aller voir Psykup-Krueger, c'est au bar-resto (spécialité couscous) "Les 3 frères" que se sont agglutinés les rockers pour ce dernier jour des vacances.
Au programme de ce soir, du rock : The Defenestrators, The Electrocution, de la noise-core : Doppler, et du post-hardcore : Bananas At The Audience.
Après s'être débarrassé de 5€, on entre dans une arrière-salle de ce restaurant du 18ème, qui ressemble plus à un squat et qui tranche radicalement avec l'esprit du reste. La scène est exigue et le matos est entassé tant bien que mal sur la gauche entre les chaises. L'ambiance est cool et détendue.
The Defenestrators ouvrent la soirée.
Ce trio rock compte dans ces rangs une bassiste, un guitariste et un "batteur" chanteur.
En fait, la batterie se limite à une caisse claire, un tom basse et une cymbale. Le chanteur joue debout sur le devant de la scène. Malgré cette configuration assez inhabituelle, le groupe surprend le public par son rock primaire, sauvage et déjanté. La "batterie" sonne bien et varie assez pour ne pas être redondante. Le manque de grosse-caisse ne se fait pas sentir. Le charisme du chanteur est pour beaucoup dans l'énergie que livre le groupe.
Du pur rock'n'roll qui file la banane. The Electrocution prennent le relais dans la foulée.
Eux aussi donne dans le rock, mais avec plus de technique et moins de folie.
La voix reste toujours dans le même ton et finit par être un peu monocorde sur la longueur.
Le batteur se débrouille pas mal et l'un des gratteux est une vraie pile électrique.
Une centaine de personnes est maintenant massée dans la salle, il commence à faire très chaud. L'ambiance est bonne et certains en profitent pour pogoter.
Dès le set fini, le bar est pris d'assaut, accéder au comptoir devient très difficile.
C'est ensuite Doppler qui prend possession de l'espace. Et là, c'est la grosse claque. De la noise-core déstructurée et imprévisible, intense, technique, le rythme ne faiblit jamais : jouissif.
Le batteur est monstrueusement balèze (je m'en étais douté en le voyant se roder avant le set), il enchaîne des rythmes de folies qui n'ont rien à voir entre eux à une vitesse impressionnante. Il m'a scotché de bout en bout (il ne paye pourtant pas de mine). Le pire, c'est qu'il a eu des problèmes de grosse-caisse branlante (qu'il finira par bloquer avec un retour son) pendant un bon 1/4 d'heure. Le guitariste passe le concert plié sur sa gratte pour en extraire des sons subtils.
La particularité de Doppler est qu'ils sont presque un groupe instrumental (le guitariste et le bassiste chantent parfois avec un effet de réverb) et que ça n'en rend leur musique que plus intense.
Bref, une énorme surprise que ce groupe nantais qu'il va falloir surveiller de prés. Vers 23h45, Bananas At The Audience clôt la soirée devant une salle qui s'est un peu vidée (bah oui, y'a la contrainte des transports à Paris, on ne peut pas se permettre de finir à 1h00).
Les 6 de Lyon alternent les morceaux avec une fougue et une rage communicatives : "frenzy", "get lie", "spade", "black frogs"… dans un déluge post hardcore.
On sent que le groupe a beaucoup écouté At The Drive In et Fugazy, mais la musique des Bananas à sa patte particulière et un son propre.
Le (grand) chanteur, Yann (dont la voix ne va pas avec le physique), bouge de manière bizarre mais efficace. On sent qu'il possède le charisme des grands frontmans malgré la petitesse de la scène.
Le bassiste nous fait un numéro de grimaces et se déhanche méchamment. Le groupe se donne à fond et le public semble apprécié.
On ressort de là heureux, pas fâché d'avoir lâché 5€ pour autant de bonne musique, avec la conviction inébranlable que la scène française recèle de bons groupes originaux qui gagneraient à être plus connus.
Et on se dit aussi que le patron du bar a dû se faire des c.... en or ce soir ! |