Fantaisie historique écrite et mise en scène par Daniel Colas, avec Béatrice Agenin, Gaël Giraudeau, Coralie Audret, Maud Baecker, Yvan Garouel, Adrien Melin et Patrick Raynal.
"La Louve", c'est le surnom qu'on donnait à Louise de Savoie, la mère de François Ier, parce que, à l'instar de l'animal, elle a couvé ses enfants, les a protégés de tous les dangers et a réussi à mener son fils jusqu'au trône de France. Et ce n'était pas gagné,car les Valois-Angoulême étaient loin dans l'ordre de succession.
Dans la pièce de Daniel Colas, fantaisie historique prétendant s'appuyer sur des faits historiques avérés, elle est à la manœuvre et n'est, jusqu'au bout, pas totalement rassurée sur le devenir de la couronne, et si cet avenir passe bien par le chef de François.
Habitué d'un théâtre prétendument historique, Daniel Colas n'est pas dans l'imitation de Dumas, de Shakespeare ou de Guitry et ne revendique aucune parenté avec eux. Il brode à sa façon avec bonheur sur cette période cruciale de l'histoire française où s'achève vraiment le Moyen Âge avec la mort de Louis XII et où commence forcément la Renaissance avec l'avènement de François Ier.
Théâtre d'acteurs, "La Louve" permet de retrouver Béatrice Agenin dans le rôle-titre et Patrick Raynal dans celui de Louis XII. C'est peu dire qu'ils ont du métier et savent rendre la majesté de leurs personnages tourmentés.
Autour d'eux, chacun est bien en place et tient son rang. Gaël Giraudeau est un François Ier plein de fougue et d'appétit, Maud Baeker une Reine Claude qui sait se jouer de ses disgrâces. Quant à Coralie Audret, elle est une Mary Tudor rêvant d'un autre destin que de partager la couche d'un vieux roi moribond, d'autant que rôde son amant Suffolk (Adrien Melin).
Pour ne pas tomber dans la grandiloquence historique et créer un contrepoint comique, Daniel Colas a ajouté un personnage de conseiller bègue, interprété par un virtuose du bégaiement, Yvan Garouel. Chargé de relier les uns aux autres, il est peut-être parfois un peu redondant, mais cela ne nuit en rien à l'équilibre d'une pièce menée à vive allure.
Dans un décor très elliptique où les candélabres marquent l'espace, on ne pourra qu'admirer le travail des lumières de Kevin Daufresne et s'attarder sur les costumes léchés de Jean-Daniel Vuillermoz. Au lieu de surinvestir dans les couleurs, il a préféré jouer sur la dualité noir-blanc, sur les nuances du noir au gris marron, marquant bien une époque de transition, où la jeunesse va bientôt prendre le pouvoir et transcender cette pénombre moyenâgeuse qui s'achève enfin.
Vrai beau livre d'images pour petite leçon d'histoire oubliée, "La Louve", écrite et mise en scène avec goût par Daniel Colas, comblera les amateurs d'un théâtre qui cherche à distraire et séduit parce qu'il le fait avec finesse et intelligence. |