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Maison des Métallos  (Paris)  septembre 2016

Comédie dramatique écrite et mise en scène par Carole Thibaut, avec Thierry Bosc, Charlotte Fermand, Michel Fouquet, Carole Thibaut (en alternance Valérie Schwarcz) et Arnaud Vrech.

Au lieu de lui attribuer un titre anglais, Carole Thibaut aurait pu intituler son spectacle "Les riches et les pauvres".

Séparé par un mur, dans un monde qui ressemble fortement au nôtre, les riches, incarnés par une famille de banquiers, vivent dans l'entre-soi et en oublieraient jusqu'à l'existence des pauvres, si l'un de ceux-ci, n'était - sans carton d'invitation ! - venu perturber la méga-fête de l'entreprise et en avait profité pour s'immoler par le feu...

Pièce fortement documentée sur les us des grandes familles qui dominent toujours le capitalisme, même à l'heure des fonds de pension et de la finance reine, "Monkey Money" marquera d'abord les esprits par les monologues de ses trois principaux personnages à la "Bee Wi Bank".

Que ce soit le discours du fondateur, qu'il s'agisse de celui du jeune ambitieux qui grimpe en flèche dans l'organigramme de la "BWB" ou de celui de sa fille, un peu revenue de tout, mais pas dupe qu'aujourd'hui encore ce sont les hommes qui comptent dans cette entreprise arc-boutée sur la mâlitude patriarcale, tous sont magnifiquement ciselés.

Dès lors, Carole Thibaut permet à chaque comédien de montrer son grand talent et de servir au mieux son projet. Thierry Bosc a la puissance naturelle d'un grand capitaine d'industrie. Arnaud Varech sait vendre l'entreprise avec le bagout d'un camelot et l'insolence d'un ambitieux, Carole Thibaut être K, la fille adorée que sa condition de seconde zone dans l'ordre protocolaire de la BWB rend cynique et désespérée.

Quant à Michel Fouquet, il est le perturbateur humaniste qui ira jusqu'au sacrifice pour prouver l'humaine condition de sa chair brûlante et Charlotte Ferrand, alias Léa, la fille du précédent, est l'écorchée vive en colère contre la destinée sordide que lui lègue ce père "cramé".

Sans conteste, la première partie de "Monkey Money" fonctionne parfaitement. Peut-être peut-on seulement faire une réserve sur l'intérêt de la vidéo qui sert de point de départ à la pièce. Car, il faut y suivre le discours racoleur convenu d'une jeune fille, qui a les traits de Léa, acceptant d'un ton primesautier de se vendre dans un réel ou tout s'achète et ou tout se vend.

Reste la seconde partie du spectacle, où l'altérité prend forme, où passer de l'autre côté du miroir du mur renvoie aux riches leurs propres images. Là, la caricature réaliste laisse place à une fable, l'hyper-réalisme de la fête colorée patronale à une fantasmagorie triste et banale qui aboutit dans un no man's land, dans une "zone" presque tarkovskienne entre les deux mondes, où peuvent s'opérer d'animales transformations.

Ainsi, K, la fille stérile du grand Capital, devient symboliquement la mère de Léa, la fille perdue de l'humain à la tête de chien pour filer jusqu'au bout la métaphore kafkaïenne...

Ce passage vers un ailleurs poétique entre les fissures grandissantes du Mur, symbolisé par l'écroulement de lamelles de la structure métallique le constituant conçue par Antoine Franchet, dont les effets scénographiques ponctuent intelligemment les intentions de Carole Thibaut, pose souvent question.

Ainsi, les "Pauvres" n'ont pas droit au même traitement que les "Riches". On ne les perçoit qu'affreux, sales et méchants, dans une incapacité d'aimer alors que l'amour, même s'il est peut-être vain et dégoulinant, abonde chez les "Riches".

De l'autre côté du Mur, les frères prostituent leurs sœurs, et tous maudissent le père. Ils n'ont pas droit à la lumière, sont confinés au fond de la scène et, pire que tout, ils semblent n'être là que pour nourrir les fantasmes ou les cauchemars des "Riches".

Fausse piste volontaire ou inconsciente de la part de Carole Thibaut, on a l'impression qu'ils ne sont que la part maudite des "Riches", comme dans une saga de l'été télévisée, quand le jeune premier mystérieux pénétrant dans la famille qui possède le grand domaine, titre du feuilleton, se révèle être le fils de la servante que le grand propriétaire a jadis engrossée et délaissée...

Bref, si l'on sent chez Carole Thibaut une volonté balzacienne de pénétrer "l'envers du monde contemporain" et une hugolienne de décrire "les Misérables", on se demande s'il ne lui aurait pas fallu plus d'une heure et demie pour rééquilibrer le plateau de la balance "Riches/Pauvres".

Mais on se plaint assez que le théâtre manque de consistance ou, au contraire, qu'il surdimensionne de manière répétitive quelques malheureuses pauvres idées, pour ne pas saluer comme il se doit l'ambition et l'appétit de Carole Thibaut qui a le mérite de donner à voir un théâtre signifiant et nourrissant.

Peu de pièces prennent le risque de "Monkey Money", celui de se coltiner avec une époque sans y apporter autant d'interrogations et en sachant éviter les certitudes de la bien-pensance.

 

Philippe Person         
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