Fantaisie historique de Jacques Forgeas, mise en scène de Sophie Gubri, avec Baptiste Caillaud, Clovis Fouin, Katia Miran et Perrine Dauger.
En 1677, Racine a 38 ans. Après le succès chahuté de "Phèdre", l'auteur dramatique à la notoriété et à la situation établies décide de rompre avec sa vie "dissolue".
Il quitte sa maîtresse et inspiratrice, l'actrice la Champmeslé, qui deviendra une des premières sociétaires de la future Comédie française, renoue avec la discipline janséniste dont il fut l'élève privilégié à Port Royal, consent à un mariage de convention et accepte la charge d'historiographe du roi.
Donc il renonce au théâtre, événement qui sous-tend la partition de "L'Adieu à la scène" dans laquelle le romancier, scénariste et dialoguiste Jacques Forgeas reprend la thématique des relations entre l'art et le pouvoir abordée dans son réussi premier opus théâtral intitulé "Le corbeau et le pouvoir".
Il la décline sous forme d'un entretien intervenant entre Racine et La Fontaine, son cousin et ami, qui, usant d'un subterfuge, un mystérieux rendez-vous avec une belle inconnue dans une loge de l'Hôtel de Bourgogne, et d'accortes messagères, une comédienne en herbe et son amie, souhaite connaître la réelle motivation de cet inattendu et inexplicable revirement et, le cas échéant, tenter de l'en dissuader.
Dans une contextualisation par les costumes dans les années 1960 légère et sans incidence sur le fond, et une scénographie épurée de Camille Dugas centrée sur l'incontournable miroir de maquillage emblématique du lieu, Sophie Gubri dirige un quatuor dont la modernité du jeu et de la langue au regard de l'écriture à résonance classique de l'auteur, emporte l'adhésion.
Dans la spontanéité, Katia Miran et Perrine Dauger gèrent bien le "twist" inséré par ce dernier pour dynamiser un dialogue bilatéral. Campant respectivement un Racine sur la détermination duquel semble néanmoins peser une ombre et un La Fontaine frondeur, Baptiste Caillaud et Clovis Fouin portent efficacement un débat d'idées qui ressort moins à l'affrontement qu'à l'échange idéologique. |