Avec ce quatrième album – hors remixes – le sorcier de l’électro danoise, Anders Trentemøller, artiste singulier dans le monde de la musique électronique, continue à tisser progressivement sa toile et l’ébauche d’une œuvre de plus en plus riche et fascinante.
S’il s’est fait connaître principalement grâce à une série de remix toujours épatants réalisés pour d’autres artistes, ses albums n’en restent pas moins de véritables petits chefs-d’oeuvre.
Après Lost, Fixion semble plus apaisé et prend une tournure plus calme mais non dénouée de quelques aspérités. Toujours aussi noir, l’univers du danois lorgne de manière plus en plus évidente vers la cold wave. Les références sautent aux oreilles et on sent que l'homme a écouté en boucle Cure (surtout) ou Joy Division. Basses omniprésentes et rythmes plus lents, atmosphère cotonneuse, cet album sonne donc comme une version 2016 de la joie de vivre façon batcave.
L’univers noir et froid de Fixion, que les interprètes féminines invitées (les chanteuses Marie Fisker, Jehnny Beth de Savages et Lisbet Fritze de Giana Factory) ne parviennent jamais à réchauffer, n’empêche aucunement d’y adhérer simplement, de manière évidente.
Sous le calme apparent, l’angoisse déboule sans crier gare, tapissée sournoisement au creux de ces morceaux à la texture glaciale. Il ne faut chercher aucune éclaircie dans ce disque et les amateurs de lumière risquent donc de passer leur chemin au risque de se sentir submergés par la mélancolie. Les autres en revanche seront comblés.
Anders Trentemøller nous livre un album dont la douceur froide et sensuelle rend l’œuvre belle et attirante par essence. Fixion est indiscutablement le disque parfait pour soigner une dépression saisonnière annuelle. Ou même pour la nourrir et s’y lover pourquoi pas.
Nous ne sommes qu’en octobre, mais l’hiver arrive, et celui-ci s’annonce particulièrement rude cette année. Sa bande son idéale est ici toute trouvée.