Pour annoncer la sortie prochaine, le quatre novembre, de son nouvel album Mouvement Perpétuel, Alister était en concert aux Trois Baudets, c’est Alka qui avait la charge d’ouvrir la soirée.
Alka Balbir est une jeune chanteuse comédienne qui a sorti il y a quelques années un premier disque écrit par Benjamin Biolay, le chanteur qui aime l’amour, mon amour, désormais elle écrit seule des chansons sages qui ne le sont pas vraiment.
Chantant dans un souffle avec un timbre de voix proche de celui d’Isabelle Adjani, jouant de son apparente fragilité et de sa "certaine tendance à la mélancolie", ses chansons dressent un portrait d’une parfaite mythomane, nymphomane adepte autant de l’amour sentimental que de rapports plus bruts : "moi j’aime l’amour qui fait boum" semble-t-elle nous dire. Souriante et très drôle, elle osera même une formidable reprise de "Validée" de Booba sans vocodeur mais juste piano-voix, réussissant à en faire une bonne chanson comme quoi tout est possible. En quelques titres, on est sous le charme d’Alka et on a hâte de découvrir son album à paraître… bientôt dit-elle…
Le temps de reprendre son souffle et voici Alister qui s’avance sur scène, évidemment d’une classe folle, capilairement parlant incorrect, veste noire, lunettes noires, chemise noire avec deux boutons ouverts et toujours cet air de jeune dandy décadent qui boit des cocktails au rhum blanc. Il s’installe au piano rejoint par un guitariste, un batteur et un bassiste, et c’est dans cette configuration, la plus simple qui soit qu’il va, comme qui rigole, conquérir le public dès le "Avant / Après" d’ouverture.
Sur scène Alister est très rock, à tel point que certains préfèreront se lever pour aller danser sur les côtés, oui je sais ça paraît incroyable mais on peut danser aux Trois Baudets, même moi ça m’a étonné. Alister alternera les chansons de l’album à paraître et les "tubes sur l’échelle Europe 2", toujours très drôle autant dans les chansons qu’entre, dédiant à Émeline B la factrice de 25 ans victime d'un AVC, "Je travaille pour un con".
Il enchaîne également morceaux légers et plus profonds, comme avec la polnareffienne "Cathédrale" et avec un très beau passage simplement piano-voix, car en plus d’être un très bon parolier, Alister est un très bon compositeur, c’est interrompu de quelques rires étouffés que le public a découvert "Les filles entre elles", futur sommet de Mouvement perpétuel (sorti le quatre novembre, oui j’ai bien retenu la date, parce qu’il nous l’a répétée beaucoup). Après le formidable diptyque "7 heures du matin" / "La fonte des glaces", comme deux facettes de la même histoire, mi-drôle mi-pathétique, drôthétique donc, Alister se lèvera enfin pour prendre sa guitare et c’est en apothéose que la fin du concert se déroulera, et c’est vrai qu’il fut difficile de rester assis tant les morceaux donnaient envie de se bouger, que ce soit sur "Bordel" ou sur l’hymne "Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?".
Et c’est avec "Les Filles à Problèmes" en guise de rappel que le concert va se terminer, c’est là où l’on se rend compte que le public qui est venu ce soir-là est un public conquis, il suffisait de l’entendre reprendre en chœur "est-ce que je suis normal ?". Alister ne répond pas à la question mais en tout cas, il nous prouve que nous ne sommes pas les seuls à aimer la chanson rock, à aimer pointer du doigt tel ou tel et à aimer rire de notre propre mélancolie.
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