Retiens Mon Désir
(Château Perdu Records / Midnight Special Records) octobre 2016
La rentrée musicale à peine effectuée, une nouvelle classe pop française organise déjà son bal de promotion. Des jeunes gens (post)modernes franchissent le cap du premier album, autant que celui de la branchitude, en revisitant une variété chic et ingénue digne des époux Maritie et Gilbert Carpentier, pour le meilleur (Lafayette, Paradis) et pour le Pirouettes.
Face à l’affligeant succès de la pseudo-chanson réaliste du clodo Capéo et son accordéon, la légèreté de cette mini-vague néo-rétro proprette, c'est comme une gaieté, comme un sourire. Quelque chose dans la voix qui paraît nous dire "viens", qui nous fait sentir étrangement bien… Et Cléa, héritière de France Gall (des textes et un physique d’éternelle adolescente), elle l’a. Ce je n'sais quoi que d'autres n'ont pas, qui nous met dans un drôle d’état. Elle a cette drôle de joie, ce don du ciel qui la rend belle. Elle a ce tout petit supplément d’âme, cet indéfinissable charme, cette petite flamme.
Sacré bout de femme ! Après avoir été Happée Coulée par Polydor en 2013 (titre prémonitoire pour un projet qui a sombré), le Bébé Requin a su rejaillir. Depuis, elle donne tout pour la musique (le double EP Non Mais Oui en 2014), résiste (en montant la structure "Château Perdu Records" pour s’auto-produire) et jamais ne débranche lorsqu’elle joue du piano debout (près de 150 concerts en deux ans). Un rythme effréné soutenu par le batteur de Tahiti 80, Raphaël Léger, et l’infatigable touche-à-tout, Kim Giani, son mentor.
Fan de Kylie Minogue, Cléa Vincent peut bien chanter "I Should Be So Lucky". Elle livre aujourd’hui un album insouciant et direct, synthétique et discoïde, aux mélodies aguicheuses qui font monter le rose aux joues. Inutile de résister, le refrain de "J’m’y Attendais Pas", l’enlevé "Soulevant", la montée dans les tours de "Château Perdu" et le final rayonnant de "Clair-Obscur" vont faire craquer tous les petits cœurs. Alors, fût-il coupable, ne retiens pas ton plaisir.
Et voilà, c'est déjà la rentrée. Rien ne change chez Froggy's Delight puisqu'il n'y a pas eu de trêve estivale si ce n'est que nos colonnes vont se vider des comptes rendus de festivals pour faire place à la rentrée théâtrale, littéraire, cinématographique, muséale et bien entendu musicale. Voici le sommaire de la semaine.