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puce Cartographies - l'Atlas de l'anthropocène
Théâtre du Rond-Point  (Paris)  octobre 2016

Conférences théâtrales écrites et interprétées par Frédéric Ferrer.

Agrégé de géographie et comédien, auteur et metteur en scène fondateur de la Compagnie Vertical Détour plus spécifiquement dédiée au développement des transversalités entre arts de la scène et connaissances scientifiques, Frédéric Ferrer a écrit des conférences théâtrales, aussi doctes qu'humoristiques, pour tenter d'appréhender le monde d'aujourd'hui à partir de données scientifiques établies et de faits avérés passés à la moulinette tant de l'analyse critique que du bon sens.

Cette entreprise hardie et passionnante s'inscrivant dans l'élaboration d'un "Atlas de l'anthropocène", cette nouvelle ère géologique, initiée par la révolution industrielle, singulière et unique depuis l'origine du monde, caractérisée par l'action de l'homme devenue une véritable force géophysique agissant sur l'être et le devenir de la planète, se matérialise par une suite de cartographies, riches en métaphores, qui constituent autant pistes de réflexion sur la thématique abordée que sur l'état du monde.

Sur scène, tel un faux Candide doublé d'un "savant" tournesolien et d'un détective amateur actionnant ses petites cellules grises pour découvrir la face cachée de la réalité, il délivre donc des conférences-spectacles ressortissant au genre performatif oral et à l'art de la rhétorique sur la déconstruction du discours fondé, notamment, sur la sacralisation de l'objectivité scientifique.

L'intégrale comporte cinq opus dans lesquels s'hybrident, avec bonheur, la passion du savoir et du comprendre, la vulgarisation scientifique avec cette empathie qui n'est pas sans évoquer celle du feu physicien Pierre-Gilles de Gennes, même si ce n'est pas son but préférant participer à l'affûtage des consciences, l'humour désopilant à la manière de l'artiste-performer belge Eric Duyckaerts et l'absurde, tel qu'il découle d'un rationalité logique valéryenne mal tempérée.

"A la recherche des canards perdus", la première en date sous-titrée "Cconférence sur une expérience scientifique pour mesurer la vitesse du réchauffement climatique dans l'Arctique", il propose de résoudre le mystère de la disparition, ou plus exactement de la non -réapparition, de canards polaires.

Et non pas de vrais palmipèdes autochtones mais de 90 jouets en plastique jaune que la NASA a largué en 2008 dans une crevasse du plus grand glacier du Groenland pour étayer la théorie selon laquelle les écoulements sous-laminaires entraîneraient la dérive du glacier vers l'océan et en accélèrerait donc la fonte.

A partir d'une hypothèse binaire imparable, les canards en dedans ou en dehors du glacier, il examine tous les scénarios possibles, du bouchon de canards à l'échappée nocturne de la flottille en passant par le kidnapping par les Inuits qui ont un contentieux sévère avec les Américains.

Ce qui donne lieu à des péripéties jubilatoires mais également à des constats consternants sur l'imbécilité des prémisses de certaines expériences scientifiques et à une conclusion peut-être moins inattendue qu'il n'y paraît : si les Américains sont de grands enfants, ils n'en connaissent pas moins le maniement de l'arme géo-stratégique.

Avec "Les Vikings et les satellites" en forme de "Conférence sur l’importance de la glace dans la compréhension du monde (Climato-sceptiques, réchauffistes et Groenland)", Frédéric Ferrer propose au spectateur de résoudre par l'absurde une équation à plusieurs inconnues à savoir quel est le rapport entre le réchauffement climatique, l'épopée du viking Erik le Rouge, la couleur du Groenland et la technique inuite de la pêche au phoque.

Et bien, Erik le Rouge est le fondateur de colonies sur le territoire qu'il baptisa Groendland, signifiant terre verte en danois, qui se trouve, dix siècles après, au coeur du débat sur le réchauffement climatique qui serait dû à l'action humaine, les fameuses émissions de dioxine de carbone, et notamment de la bataille rangée entre les réchauffistes et les climato-sceptiques.

Car la question est cruciale : le nom de "terre verte" implique-t-il qu'au 10ème siècle le climat était plus clément que cette partie du monde et qu'ensuite serait intervenu au 15ème siècle un refroidissement expliquant la disparition des Vikings étant posé en postulat que l'activité de ces derniers ne contribuaient pas à l'effet de serre.

Avec la sagacité du spécialiste es-raisonnement logique, Frédéric Ferrer prend son bâton de pélerin pour suivre toutes les pistes possibles. Alors ? terre verte, blanche, blanche et verte ou impasse ?

La preuve par la glace, la quête de l'os de chien, la piste du phoque et l'échappée ontologique du conférencier constituent autant de moments loufoques qui amènent à remettre certains scientifiques à leur place.

Ensuite, Frédéric Ferrer a voulu apporter une "Contribution à une géographie des épidémies" en narrant les tribulations de Albo, un moustique femelle de l'espèce aedes albopictus ou moustique-tigre, responsable de la transmission à l'homme de maladies graves dont notamment la dengue et le chikunguya, qui constituent une parfaite illustration de ce qu'il nomme "Les déterritorialisations des vecteurs".

De la forêt tropicale d'Asie, où Albo ne piquait que les singes, à Montpellier, où elle s'est reconvertie en piqueuse d'hommes, non pas par méchanceté mais pour pomper le sang indispensable à la ponte et donc à la perpétuation de l'espèce, il raconte une histoire étonnante.

Celle d'une étonnante décontextualisation liée au changement d'habitat doublée d'une mutation génétique permettant de s'accommoder de la différence climatique qui se traduit par une invasion mondiale selon la technique de la colonisation par progression en tâche d'huile chère au maréchal Galliéni, et qui n'est pas sans constituer une métaphore du phénomène migratoire.

Par application du principe d'exponentialité des effets des inconvénients cumulés, le risque sanitaire est donc préoccupant et Frédéric Ferrer invite le public à explorer les solutions pour se protéger voire éradiquer la moustique qui aime les hommes. Photos à l'appui, se révèlent les limites de la tapette et des recettes dissuasives de grand-mère, les inconvénients d'un mode de vie en combinaison de protection totale, déclinaison hightech de la tchadri, la dangerosité de la désinsectisation généralisée et l'impossibilité d'ériger un refoulement des moustiques aux frontières.

Aucune des méthodes traditionnelles, passées en revue de manière humoristique, ne s'avère totalement efficace pour arrêter le monstre qui devrait atteindre Paris en 2017.

Mais Frédéric Ferrer n'a pas encore dit son dernier mot : la politique de la guerre des creux, lieux d'eaux stagnantes idéales pour la ponte, la fuite vers les pôles, le moustique craint le froid, ou la philosophie du "plouf-plouf" constituent de savoureux et jubilatoires moments.

De quoi ramener l'homme maître du monde et de l'univers à sa juste mesure: celle d'un mammifère menacé par un insecte de trois millimètres. Mais il est vrai, dixit l'auteur, que "vivre, c'est risquer sa peau".

Dans sa "conférence sur une space d'accélération du monde" titrée "Pôle Nord", et qui aurait pu s'intituler "La banquise, les hommes et les désirs" ou "Chronique d'une disparition annoncée", il se penche sur la fonte irrémédiable de la banquise, événement majeur dont les conséquences ne s'avèrent pas anodines.

Car ce n'est pas pour la beauté de cet espace naturel ou le destin des ours que, depuis plus d'un siècle, après la guerre des drapeaux, les cinq Etats circopolaires s'y intéressent en implantant des bases scientifiques. Derrière un scientifique se cachent toujours un militaire et un homme d'affaires, comme sous la calotte polaire git un tiers des ressources naturelles mondiales notamment de pétrole et de gaz naturel.

En conséquence, tous cherchent le fameux bord du talus qui marquera la limite de leur plateau continental et donc de leur droit d'exploiter le sous-sol et Frédéric Ferrer livre quelques constats bien sentis. Mais, il s'intéresse également à un autre phénomène.

Objet de tous les désirs de lucre pour les Etats, le Pôle Nord est devenu également un lieu touristique qui connaît une vogue croissante et la fonte totale de la glace qui recouvre l'Océan Antarctique libérera une étendue immense de 14 millions de kilomètres carrés propice à l'invasion humaine.

Avec la métaphore du papillon, insecte à métamorphose, il brosse un stupéfiant et étourdissant voyage prospectif dont le terme mérite réflexion.

Enfin, pour sa "conférence sur nos possibilités de vie ailleurs", il en appelle à l'interjection "Wow !", équivalent anglo-saxon de "génial", qui a caractérisé la réaction de l'astrophysicien américain ayant capté en 1977 un signal radion, jamais réitéré, dont le code ne correspondait pas aux "bruits" connus de l'univers, et pouvant provenir d'une forme de vie intelligente, et devenue le nom de ce signal.

Cela étant, son propos ne tend pas à la glose pseudo-scientifique de l'existence des extra-terrestres mais, comme l'indique le sous-titre, aux possibilités de vie de l'homme sur une autre planète dont l'enjeu est capital puisque seule solution à l'inéluctable catastrophe annoncée, certes à une échéance qui ne s'entend pas à l'échelle d'une vie humaine, celle de la destruction de la planète Terre ou, au moins, à sa détérioration qui entraînera l'extinction de l'humain.

Tout commence par la recension des risques avérés qui pèsent sur l'avenir de planète Terre tant du fait de l'inconséquence humaine, de l'épuisement des ressources à l'implosion atomique, que des possibles, sinon certaines, menaces exogènes que constituent, entre autres, la collision intergalactique, l'inversion du champ magnétique et la carbonisation due à la transformation physique du Soleil en géante rouge.

Sauve-qui-peut oui mais où ? Telle est l'aventure intergalactique à laquelle Frédéric Ferrer convie le spectateur subjugué qui, par la magie des scientifiques spéculations intellectuelles, résultant de modélisations informatiques et de vues d'artiste, et la glose binaire empreinte d'un humour pince-sans-rire à laquelle il se livre, devient cosmonaute en fauteuil et héros-explorateur d'un space opera qui l'amènera peut-être à rencontrer le Capitaine Flam.

Comme dans tout voyage spatial, le retour sur le "plancher des vaches" est moins grisant puisque placé sous le signe de la conclusion du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon sur le changement climatique "Il n’y a pas de plan B, parce qu’il n’y a pas de planète B". Mais tout espoir n'est perdu grâce à la récente découverte de l'exoplanète Proxima b qui serait potentiellement habitable.

Des cartographies à découvrir sans modération, à l'unité ou en intégrale, en attendant celle alléchante, "De la morue - Et des questions vraiment très intéressantes qu’elle pose pour la compréhension de tout un tas de choses du monde d’aujourd'hui", du millésime 2017.

 

MM         
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