Le Petit Palais présente une exposition consacrée à Oscar Wilde sous forme d'une rétrospective, entreprise toujours difficile s'agissant d'un artiste dont l'oeuvre est essentiellement scripturale.
Avec la collaboration de Merlin Holland, conseiller scientifique
et petit-fils de l'artiste, Le commissaire Dominique Morel, conservateur en chef au Petit Palais,
réussit parfaitement l'exercice en réunissant un corpus de deux centaines de documents, manuscrits et correspondances, photographies, tableaux et objets personnels dont la mise en résonance permet de tracer le portrait et retracer l'oeuvre de "Oscar Wilde - L'impertinent absolu".
Et ce dans une dynamique maîtrisée par le scénographe Philippe Pumain qui a opté pour des parti-pris chromatiques forts qui siéent tant à l'époque qu'ils scandent les sections chronologiques illustrant les différents arts dans lesquels
il s'est exprimé.
La première salle introduit le personnage avec des oeuvres picturales mettant en lumière les deux topiques wildiens avec le "Saint Sébastien" de Guido Reni, une des icônes de la communauté homosexuelle, et la figure féminine, dans l'ambivalence incarnation de la beauté (Lillie Langtry peinte Edward John Poynter) et femme fatale telle l'actrice Ellen Terry peinte par John Singer Sargent, figures récurrentes reprises par les pré-raphaélites puis par les symbolistes.
Sur les traces d'Oscar Wilde
L'exposition met en exergue les différents domaines dans lequel Oscar Wilde exerça ses talents. Jeune homme issu d'une aisée famille dublinoise, étudiant brillant formé au Trinty College puis à Oxford, Oscar Wilde fut d'abord poète, critique d’art soutenant les artistes de l’Aesthetic Movement en rupture avec l'académisme ambiant et conférencier prônant l'esthétique du beau jusqu'en Amérique.
Figure de proue d'un cénacle
de dandys poètes et esthètes qui brillait dans la capitale victorienne,
il se consacre à l'écriture de nouvelles, d'essais, d'un roman, le fameux "Portrait de Dorian Gray" et de pièces de théâtre dont "Salomé", écrite en français pour Sarah Bernhardt, qui fait judicieusement l'objet d'une salle dédiée tant cette femme fatale mythologique a connu une exceptionnelle postérité picturale, littéraire et musicale.
Y sont notamment réunies les toiles de Gustave Moreau
("Salomé dansant"), Jean-Jacques Henner ("Hérodiade") et Henri Régnault ("Salomé assise") ainsi que les dix-sept planches du portfolio réalisé par l'illustrateur anglais Aubrey Beardsley pour l'édition anglaise de la pièce de Wilde, au dmeeurant censurée, dont certaines firent polémique.
En 1895, les procès intentés par le marquis de Queensberry, le père de son jeune amant, suivi de la prison, de la confiscation de ses biens et de l'exil parisien, brisent les ailes du cygne dont le tombeau est sis au Père Lachaise.
Demeurent son oeuvre et les aphorismes et maximes dont ce bel esprit raffolait. Reprises sur les cimaises, elles accompagnent le visiteur tout comme nombre de portraits de Wilde, (de dos) dans "La Danse mauresque" de Toulouse-Lautrec, en pied dans le portrait inédit de Harper Pennington et l'étonnant "book" de 13 tirages originaux réalisé par le photographe américain Napoleon Sarony, dont une est reproduite sur l'affiche de l'exposition. |