Spectacle de politique-fiction écrit par Nicolas Ancion, conçu et mis en scène par le Collectif Mensuel et, avec Sandrine Bergot, Quentin Halloy, Baptiste Isaia, Philippe Lecrenier et Renaud Riga.
Sur une partition écrite par Nicolas Ancion, romancier associé du Collectif Mensuel, ce dernier a conçu, dans un spectacle atypique que à plus d'un titre, ne ressortant ni à la représentation d'une fiction théâtrale ni au théâtre documentaire, qu'il définit comme un "spectacle-performance de politique-fiction".
En la forme, le spectateur est immergé dans un studio de post-synchronisation, avec un décor de bric-à-brac vintage de Claudine Maus, dans lequel s'opère la singulière post-production d'une film projeté sur un écran en fond de scène, film lui-même atypique puisque constitué d'un montage de plans de films existants, et plus précisément de superproductions américaines avec acteurs bankables, d'où le titre.
Sur ce point, le spectacle s'avère une véritable prouesse technique, d'une part, et en amont, par la sélection de 1400 plans-séquences puisés dans 160 films et le montage émérite effectué par la monteuse Juliette Achard, et, d'autre part, sur le plateau, par la prestation des trois comédiens - Sandrine Bergot, Baptiste Isaia et Renaud Riga et deux musiciens - Quentin Halloy et Philippe Lecrenier - qui procèdent en direct au doublage-voix, bruitage à l'ancienne et habillage musical.
Sur le fond, ressortant à la thématique de la lutte de classes et inscrit, selon la note d'intention, dans une démarche de "fictionnalisation des enjeux du prolétariat", il est présenté comme une "fable insurrectionnelle" qui met en scène le scénario-catastrophe d'une insurrection plébéienne générée par la crise économique, l'accroissement des inégalités sociales et l'inefficacité des plans d'austérité en chaîne inspirés, voire pilotés, par une minorité dominante qui s'en exclue, sur fond de collusion entre le pouvoir et le Grand capital.
Et cette insurrection vise, au terme d'une exhortation constituant une apologie du terrorisme proférée par un comédienne, de surcroît simultanément au défilement du texte façon "Star Wars" sur l'écran, à l'extermination des riches-oppresseurs avec l'assassinat des nantis, la destruction de leurs biens et le viol de leurs femme et enfants.
Ce qui contraste - et brouille les repères, le public riant indifféremment de tout - avec le ton satirique qui préside à la dénonciation du cynisme des politiciens et des grands capitaines d'industrie et la parodie potache des films d'actions de "Rambo" aux "Expendables" qui y est insérée.
Cette fable a-t-elle une moralité et le dénouement sera-t-il un happy end hollywoodien ? Avec ce collectif belge, les spectateurs sont priés de garder leur ceinture attachée. |