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Nouveau Théâtre de Montreuil  (Montreuil)  octobre 2016

Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Jonathan Littell, mise en scène de Guy Cassiers, avec Hans Kesting, Kevin Janssens, Johan Van Assche, Fred Goessens, Alwin Pulinckx, Jip van den Dool, Vincent Van Sande, Katelijne Dame, Abke Haring, Bart Slegers et Erik Paans.

Le metteur en scène néerlandais Guy Cassiers propose une adaptation du roman de Jonathan Littell, "Les Bienveillantes", formé des mémoires d'un homme qui participa à l'Holocauste, événement littéraire, Grand prix du roman de l'Académie française et Prix Goncourt de l'année 2006, qui, au demeurant, a suscité débats et polémique.

Cet homme nommé Max Aue n'est pas un anonyme "lampiste" mais un officier qui fut un membre actif de l'Holocauste tant sur le terrain, comme organisateur et exécutant des groupes chargés de la première phase de la Shoah intervenue en Ukraine avec les assassinats par fusillades puis par camions à gaz mobile, que sur le papier, par son affectation administrative à la résolution des difficultés logistiques générés par le meurtre de masse et à l’optimisation économique de la résolution du "problème juif".

La transposition scénique proposée par Guy Cassiers, si elle n'altère pas les faits historiques retenus, change la perspective, notamment quant à la portée du discours du criminel de guerre arguant d'une responsabilité sans culpabilité.

Ce qui modifie la tonalité du prologue original repris en introduction au spectacle, exemple parfait de manipulation pernicieuse de l'auditoire, opérée par les notions de maillon de la chaîne, de réversibilité morale et de similarité des comportements, qui s'affiche en plaidoyer d'un homme ordinaire pris dans la tourmente de l'Histoire et entraîne le spectateur dans une spirale de culpabilité par contamination.

En effet, réalisée avec le dramaturge Erwin Jans, la partition, qui se définit, ainsi qu'indiqué dans le note d'intention, comme résultant d'"une adaptation émotionnelle", est axée d'une part, sur le concept philosophique de la banalité du mal, raison sans doute pour laquelle, faisant abstraction d'une historicisation du passé du personnage, n'est pas révélé son profil de psychopathe pervers et sadique prééxistant à la guerre, que seuls les spectateurs ayant lu le roman connaissent donc, et sur le décryptage de l'univers mental d'un homme, qui, même monstrueux, conserverait toujours en lui une parcelle d'humanité.

En l'espèce, celle-ci se manifeste par les somatisations et les délires générés par ses actes criminels dont la narration sème l'épouvante, le massacre de Babi Yar, la bataille de Stalingrad et la chute de Berlin, qui constituent autant d'épisodes traumatiques prenant la forme de soliloques douloureux accompagnés d'images projetées particulièrement prégnantes conçues par le vidéaste Frederik Jassogne.

Au demeurant, cette approche présente des analogies en miroir avec le monologue "Rouge décanté" présenté en décembre 2015 au Théâtre de la Bastille traitant du douloureux enfermement mental d'un homme qui, enfant, a été enfermé dans un camp concentrationnaire lors de l'invasion des Indes orientales néerlandaises par les Japonais.

Cohérent dans ses parti-pris, efficace dans son écriture et appuyé par une scénographie qui ne verse pas dans l'illustration, ce spectacle à l'exécution millimétrée s'avère d'une redoutable intensité dramatique.

Inspiré par des artistes contemporains qui travaillent sur le mémoriel, Tim Van Steenbergen a élaboré un no man's land plongé dans une obscurité glauque, maîtrisée par le consultant lumière Bas Devos, d'où émergent les personnages.

L'espace scénique est délimité, à l'avant-scène, par un rail et, en fond de scène, par un monumental mur composé de casiers métalliques à la symbolique polysémique, du mobilier bureaucratique au mémorial en passant par des ex-votos et des plaques de columbarium, qui, en la forme, évoque l'installation "Les Registres du Grand-Hornu" de Christian Boltanski tout comme il se réfère à l'oeuvre "Dialogue from DNA" de la plasticienne japonaise Chiharu Shiota qui travaille sur la mémoire perdue et le pouvoir totémique des objets.

Le spectacle est sublimé par la puissance de jeu et d'incarnation de Hans Kesting, vu récemment dans "Kings of War" de Ivo van Hove dans lequel il incarnait de manière impressionnante le "monstre" shakespearien Richard III.

Avec les comédiens émérites de la troupe du Het Toneelhuis ion d'Anvers et de celle du Toneelgroep d'Amsterdam, respectivement dirigé par Guy Cassiers et Ivo van Hove, qui forment un agrégat de personnages dont les motivations et les idéologies diffèrent notablement mais liés par le pacte du bourreau, il porte à son acmé cette incandescente immersion dans les ténèbres de l'âme humaine.

 

MM         
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