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puce Coogan’s bluff (Un shérif à New York)"
Don Siegel 

Réalisé par Don Siegel. Etats Unis. Policier. 1h36 (Sortie 1968). Avec Clint Eastwood, Lee J. Cobb, Susan Clark, Don Stroud, Tisha Sterling, Betty, Tom Tully et James Edwards.

Qu’ont donc en commun "Coogan’s bluff", "Dirty Harry", "The Beguiled" ("Les Pproies") ? Un cinéaste, certes, le prolifique Don Siegel ; un acteur, Clint Eastwood, mythifié et démythifié ; mais aussi un compositeur, le non moins prolifique Lalo Schifrin, qui marqua de son empreinte musicale les années 60 et 70.

Si prolifique que nous ne prendrons pas le risque, dans cette courte chronique, de revenir sur l’ensemble de sa carrière. Les plus curieux pourront découvrir un échantillon plus important au cours de la rétrospective que propose la Cinémathèque française du 9 au 14 novembre 2016. En attendant, c’était l’occasion de revoir "Coogan’s bluff", en attendant de découvrir "Charley Warick" ou "Telefon" le mois prochain.

Clint Eastwood et Don Siegel sont généralement associés à un nom - Dirty Harry Callahan - et à une réplique, "Make my day". Mais les aventures du policer le plus déterminé et le plus destructeur de San Francisco ne furent pas la première collaboration entre ces deux légendes du cinéma. Le premier flic s’appelait Coogan, et venait tout droit d’Arizona.

Bottes pointues, chapeau de cowboy qui abrite deux yeux clairs plissés sous les rayons du soleil, Coogan est dans la continuité du personnage qui inventa vraiment Clint Eastwood au cinéma, le cowboy imaginé par Sergio Leone dans les années 1960.

On pourrait presque se croire dans un western. Un Indien, dissimulé derrière un rocher, fuit dans le désert le justicier qui le poursuit ; ce dernier, au volant de sa jeep, fait voler autour de lui la poussière pour se dérober à sa vue, comme le fait la cavalerie dans les films de John Ford. La musique de Schifrin, justement, souligne ce jeu de décalage : évoquant la musique du western, elle est cependant plus contemporaine, presque jazzy. Elle exprime la nonchalance du personnage et annonce le ton du film : léger, presque parodique, comme déjà pouvait l’être "The Good, the Bad and the Ugly" '("Le bin, la brute et le truand".

A ce thème "western" de Coogan s’ajoutent progressivement des sonorités extrêmement contemporaines. Rock, chansons hippies et musique indienne se mêlent dans la grande ville où le personnage principal se retrouve malgré lui projeté. Cette confrontation des musiques, et donc des époques traduit la confrontation de Coogan avec un autre monde, New York, et une autre manière de vivre.

Car voici, en quelques mots, l’histoire du film. Coogan, donc, policier de l’Arizona assez rétif devant la hiérarchie et l’autorité (une constante chez les personnages incarnés par Eastwood, qui ont tendance à préférer faire cavalier seul) est chargé par son supérieur d’une mission en apparence anodine : extrader un prisonnier new yorkais pour le juger en Arizona. A contre-cœur, Coogan doit apprivoiser une ville en pleine mutation…

Le film joue en permanence sur ce décalage entre un personnage droit dans ses bottes, porteur de certaines valeurs traditionnelles, et le monde qui l’entoure. Un "running gag" parcourt le film : en le voyant, tous lui demandent s’il vient du Texas. Anachronique, Coogan doit faire face aux jeunes chevelus de la capitale ; la haute taille d’Eastwood lui fait sans cesse dominer la situation, tout en l’empêchant de jamais s’insérer dans la foule : son entrée en boîte de nuit est un moment assez cocasse.

Néanmoins, on ne saurait aller jusqu’à faire de Coogan un bon sauvage découvrant, par son regard innocent, les ridicules et les vicissitudes d’une époque. Il s’agit plutôt de s’interroger sur une transition, le passage d’une époque historique et cinématographique à une autre.

L’histoire de l’Amérique et sa représentation ne peuvent plus s’écrire de la même manière en 1968 qu’en 1938. Coogan continue d’incarner certaines valeurs immortelles de l’Amérique, mais il est aussi sa violence ; c’est son passage à New York, et sa rencontre avec une femme qui lui fait peut-être découvrir à nouveau la compassion perdue.

Les femmes, justement, sont très présentes dans le film, tout en n’ayant jamais que des rôles secondaires. Elles restent des satellites qui gravitent autour de Coogan. Contrairement au personnage qu’il incarne chez Sergio Leone, ce cow boy-là n’est en rien étranger à la sexualité. Exhibant sa musculature, Eastwood joue pleinement de son physique.

Femme au foyer de l’Arizona, femme cultivée de New York, petite hippie à moitié dérangée… toutes succombent devant cet homme qui ne brille pas par son féminisme. Une scène annonce déjà, parmi tant d’autres, un autre film du duo Siegel-Eastwood : dans "Coogan’s bluff" comme dans "Sierra Torride" (1972), le cowboy n’hésite pas à inviter des dames dans son bain, ou à s’y inviter lui-même.

"Coogan’s bluff" permet de mettre en évidence les ingrédients qui constituent le mythe Eastwood, mais qui seront également sans cesse questionnés, voire détruits. Mâle séducteur dans "Coogan’s bluff", il deviendra objet de désir, symboliquement castré, dans le très troublant "Beguilted".

Cowboy fier, il reste détenteur de certaines valeurs de l’Amérique, mais pousse la question de la violence légitime à son extrême dans la série des "Dirty Harry". Le futur réalisateur se pose en homme attentif au présent mais sans doute nostalgique d’un monde qui n’a jamais existé.

 

Anne Sivan         
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