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Jean-François Laguionie  novembre 2016

Réalisé par Jean-François Laguionie. France. Animation. 1h15 (Sortie le 23 novembre 2016).

Il y a une douce mélancolie dans les films de Jean-François Laguionie, les images d’un temps passé qui n’existe plus que dans notre imaginaire.

Des pages d’album, recouvertes de cartes postales de villes balnéaires, sont tournées une à une. Images d’un bonheur en grande partie fantasmé, d’un temps qu’on voudrait insouciant, à l’image de ces trois baigneuses qu’on trouvait déjà dansant sur la plage dans le premier court-métrage du réalisateur, "La Demoiselle et le violoncelliste".

C’est une belle idée que de clore la rétrospective que la Cinémathèque française a consacrée à Jean-François Laguionie avec son cinquième long-métrage, "Louise en hiver".

Car on y retrouve bien tous ces éléments qui font la richesse de son cinéma, parfois sous forme de clins d’œil : un violoncelle rejeté sur la plage, c’est peut-être la dépouille enfin rendue à la terre de l’instrument qui apparaissait dans, encore une fois, "La Demoiselle et le violoncelliste" ; une ville abandonnée, presque un décor de western où Louise peut faire ce qu’elle veut, comme celle que repeignait en rose le voyageur d’ "Une bombe par hasard".

Fidèle à l’idée selon laquelle les personnages, dans la nature, révèlent davantage leur intériorité et leurs pensées intimes que perdus dans la ville, Jean-François Laguionie invente une robinsonnade à la fois drôle et mélancolique.

Sa Louise, femme âgée, partage l’année entre sa maison du bord de mer en Ormandie, et son appartement en ville. A l’annonce de très fortes marées, les habitants désertent leurs maisons pour se réfugier dans les terres. Louise en aurait fait de même, mais elle rate le dernier train pour la ville. Livrée à elle-même dans une ville fantôme, la vieille dame, en attendant qu’on se rende compte de son absence, décide de se débrouiller seule.

Comme tous les personnages de Jean-François Laguionie, du wonko du" Château des singes" aux figures inachevées du "Tableau", son film précédent, en passant par le jeune marin de "L’île de Blackmooré, Louise est, à sa manière douce et lente, en quête de sa propre liberté. Et comme souvent, c’est par la mer que vient cette liberté.

C’est en effet la mer et son rythme qui disent le temps qui passe : il est à cet égard significatif que ce soit l’horaire des marées qui fasse office de calendrier à Louise. En ville, les horloges ne fonctionnent plus, et celle de la gare a perdu ses aiguilles. Le temps est donc celui de la nature, qui présente à Louise seule, Robinson dans sa cabine de plage, ses changements colorés.

Les falaises et la mer offrent en effet un tableau d’une grande beauté, toujours en mouvement. D’un trait de craie, Jean-François Laguionie dessine une crête blanche, un rayon de soleil qui filtre à travers une vague…

Les aspects les plus matériels de la vie - s’abriter du vent, se construire une maison, cultiver des légumes - cohabitent harmonieusement avec des séquences oniriques. De ces rêves, il est parfois difficile de savoir s’il s’agit de fantasmes ou de souvenirs.

L’angoisse de la mort y est souvent présente, en particulier sous les traits macabres d’un squelette d’aviateur, mort durant la guerre et auquel la jeune Louise confiait ses peines. Les temporalités se mêlent à mesure que Louise reconquiert sa mémoire. Elle se revoit petite fille délaissée par sa mère, puis adolescente malicieuse, mais jamais ses années d’adultes ne lui apparaîtront : la mémoire a parfois de ces ratés qui sont aussi des délicatesses.

Les lieux aussi deviennent incertains. La plage est à la fois un petit carré familier de sable, mais aussi une étendue que Louise explore chaque jour. Elle s’arrête parfois dans une sorte de décharge, ou de paradis des objets perdus. Là aussi s’abritent des souvenirs. Et les fantômes ne sont jamais loin, comme le prouve la très belle séquence où Louise arpente la ville abandonnée, croisant les ombres de ceux qui furent, écoutant un pianiste fantasmatique dans un café désert.

On ne saurait d’ailleurs conclure cette chronique sans parler du grand soin apporté aux sons et à la musique, autre constante du cinéma de Jean-François Laguionie. Le bruit des vagues, le froissement humide du sable sous les pieds de Louise, le sifflement du vent dans les herbes dessinent un univers sonore enveloppant et doux. Chants d’enfants ou voix si humaine du violon accompagnent généreusement Louise sur le chemin de sa mémoire dans un voyage à la fois mélancolique et libérateur.

 

Anne Sivan         
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