Le 20 Novembre dernier, Froggy’s Delight est allé à la rencontre du groupe Boulevard Des Airs à l’occasion de leur concert à la Tannerie de Bourg-en-Bresse. Sylvain Duthu (l’un des chanteurs du groupe) a accepté de répondre en toute simplicité à quelques-une de nos questions avant de monter sur scène.

Alors, Boulevard des Airs commence de plus en plus à se faire connaître, nous allons tout de même vous présenter rapidement pour ceux qui ne vous connaissent pas encore. Donc si je ne me trompe pas, le groupe s’est formé en 2004 puis vous avez sorti votre premier album en 2011. Depuis, quelques morceaux ont pu se faire une place à la radio et les gens commencent à connaître votre nom.

C’est bien ça.

Peux-tu nous dire pourquoi ceux qui ne vous connaissent pas encore (ou tout simplement ceux qui n’ont jamais passé le cap de vous voir en concert) devraient-ils remédier à ça ?

Alors on manque un peu de recul parce qu’on n’a jamais vu de concert de Boulevard des Airs.

Et bien moi oui ! Et j’ai bien aimé.

Tu pourras compléter la réponse alors. Mais je pense que les gens, quand ils viennent nous voir déjà, la première chose dont ils ont envie en sortant c’est de revenir. Enfin sans faire de généralité, mais c’est les retours qu’on a. Et ils passent un bon moment. Hier il y a une dame d’à peu près 70 ans qui m’a surnommé « mon Xanax » toute la soirée après le concert donc c’était assez étrange mais je pense qu’il y a un côté comme ça, qui remonte le moral parce qu’il y a beaucoup d’énergie, d’échange avec le public, de proximité. Ca se passe toujours bien, c’est plutôt cool, on fait ce qu’on aime et puis on aime surtout être sur scène donc je pense que ça se voit. On s’entend très bien entre nous, ça se voit aussi donc au bout d’un moment ça ne peut que bien se passer.

Et bien je n’aurait pas dit mieux je pense. Et du coup en parlant de proximité avec le public, de bonne ambiance, vous finissez toujours (ou du moins quand c’est possible) vos concerts au milieu de la fosse, vous sortez toujours à la fin faire des dédicaces, j’ai même vu que vous faisiez des tuto sur youtube pour apprendre a jouer vos morceaux à la guitare. C’est quelque-chose d’important pour vous, malgré le succès et qu’il y ai toujours plus de monde, de quand même passer du temps avec les fans ?

Ouais c’est important et puis c’est cool surtout ! C’est cool de se dire que quand Florent fait un tuto à la guitare quelqu’un pourra le faire chez lui ensuite. Parce que lui il aurait bien aimé que, je sais pas, le chanteur des Red Hot, par exemple, le fasse. Moi j’aurais bien aimé à la fin des concerts que je suis aller voir, pouvoir discuter avec les chanteurs et les musiciens. Et comme on aurait bien aimé faire ça du coup on le fait. Et c’est vrai que l’an prochain par exemple (avant je disais un jour, mais là c’est l’an prochain que ça arrive), les zéniths, ce sera un peu plus compliqué, on va quand même le faire. Là ce qui est bien dans les petites salles, entre 500 et 2000/3000 personnes c’est qu’on peut rester jusqu'à la fin même si il est tard. Par contre quand il y en a 8000 on peut pas évidemment, mais bon, on va quand même essayer de le faire.

Et bien c’est un bel état d’esprit ! Et du coup, en parlant de ça, il y à un an je vous ai vu, c’était au Radiant-Bellevue à Lyon et vous aviez déjà dit ce soir là sur scène que si on vous avait dit un jour que vous pourriez jouer dans cette salle, vous n’y auriez jamais cru parce que c’était une trop grande salle pour vous. Et là l’année prochaine, vous revenez à Lyon mais cette fois à la Halle Tony Garnier, quelques mois plus tard, ça vient d’être annoncé, Bruno Mars jouera dans la même salle, qu’est-ce que ça fait ?

Alors, c’est vrai qu’au Radiant j’avais dit ça, parce qu’à Lyon on a joué vraiment beaucoup de fois. On a commencé par le Ninkasi Kao, le Ninkasi puis le Radiant, il y en a eu d’autres je crois mais j’ai oublié, et là la Halle Tony Garnier ça fait tout de suite un grand pas, bon après là Halle Tony Garnier c’est modulable donc on va pas non plus faire 17 000 personnes, qu’on soit d’accord, mais c’est quand même chouette.

Après rien que le nom, de dire qu’on a fait des salles comme la Halle Tony Garnier (ou autres zéniths) c’est déjà quelque-chose. Peut importe la configuration.

Oui c’est clair. Là on va faire une tournée des zéniths (et la Halle Tony Garnier) donc de se dire ça c’est assez incroyable oui. Et tu vois quand on y sera on repensera à 2004 comme tu disais, et ça nous fera rigoler.

Et alors en plus de ça, vous avez pu commencer à toucher l’international (Amérique du sud, Tahiti…). Dans les pays que vous n’avez pas encore fait, est-ce qu’il y en a un en particulier que vous rêveriez de faire ?

Alors… Tous en fait, tout ce que je ne connais pas, j’aimerais bien y aller. Mais je sais pas, j’aimerais bien que quelqu’un organise une tournée en Afrique pour nous.

C’est vrai que ça pourrait être sympa ! Et alors là ce soir vous allez jouer pour votre album Bruxelles. Et donc depuis que cet album est sorti en juin 2015, vous avez sorti en avril dernier un ré-édition de Bruxelles avec 21 titres (des inédits, un duo avec LEJ…) et là, vendredi dernier (ndlr : 18 novembre 2016), vous avez sorti la version deluxe de Bruxelles avec 28 titres cette fois (un duo avec Vianney, des live…

Oui tout à fait.

Qu’est-ce que vous attendez exactement de cette album. Pourquoi autant de versions, c’est pour votre plaisir à vous ou plus pour rester dans une envie de toujours proposer du nouveau à votre public ?

En fait nous les ré-éditions on y aurait pas pensé tout seuls. C’est-à-dire qu’on a fait un album et puis point barre. Après c’est vrai qu’on travaille tout le temps en tournée (on fait des remix, etc…), on fait que travailler, et on a du matériel mais on aurait pas pensé comme ça le sortir. Mais ça arrange bien le label parce que commercialement c’est très intéressant pour eux, ça permet aussi de mettre les albums en redistribution partout en France et de relancer un peu d’actualité. Donc nous du coup comme on avait beaucoup de matériel on a pu jouer le jeu facilement. Pour cette dernière édition on s’est dit qu’il fallait quand même pas de foutre des gens donc on a vraiment bien travaillé cette ré-édition avec un duo avec Vianney, un duo avec A Filetta dont je suis fan depuis 10 ans et on a aussi sorti un inédit (qu’on voulait pas forcément sortir parce que c’est une histoire assez personnelle pour nous et puis triste), enfin il y a pleins de trucs vraiment cool qui nous ont prit beaucoup de temps à bosser. Mais ce qu’on dit c’est que nous on se fait plaisir a faire ça, mais que surtout, les gens ne sont pas obligés d’acheter les ré-éditions, ils peuvent les trouver sur internet comme tout le monde. Bien sur qu’on n’oblige personne à acheter et à faire marcher la machine, de toutes façons rassurez-vous, on va pas gagner beaucoup plus avec ces albums.

Vous avez raison, le principal c’est de se faire plaisir. Et donc, les chansons qu’on entend dans vos album, elles sont quand même vachement différentes de ce qu’on peut entendre de nos jours à la radio. Vous ne vous sentez pas un peu extraterrestres là au milieu ?

Euh… Un peu ouais. C’est vrai que comme dit notre attaché de presse et notre manager (c’est grâce à lui en fait qu’on est en radio), au début ça à été un peu extraordinaire (un peu extraterrestre comme tu dit) c’est vrai, surtout sur NRJ au début, avec un titre comme Cielo Ciego, c’était très bizarre. Et puis petit à petit on a créé un peu notre place en fait, notre créneau Boulevard des Airs, du coup en radio quand on va les voir, et qu’on dit « tiens, écoute ça, écoute ça », il y a toujours une petite place pour nous. Enfin pour l’instant en tout cas. Je sais que ça ne va pas durer toute la vie et qu’un jour les radios ne nous voudront plus. Mais c’est pas grave. En tout cas pour l’instant on en profite, et c’est vrai que c’est assez flatteur d’être sur des grands médias comme ça et de faire toujours la musique qu’on aime.

Oui et puis maintenant quand les gens entendent Boulevard des Airs ils savent à quoi s’attendre, enfin ils commencent.

Petit à petit oui. Le travail est long.

Et donc vous avez beaucoup de liberté avec votre maison de disque, vous sortez ce qui vous plait et ce n’est pas eux qui vous disent quoi sortir. Comment vous vous y êtes prit pour avoir autant de liberté ?

C’est très facile. En fait c’est une question de volonté, c’est pour ça que je dis que c’est facile. Il y a plusieurs contrats en maison de disque et tu choisis celui que tu signes en fait. Nous la condition sine qua non pour être en maison de disque, en major surtout chez Sony, enfin dans une grande maison de disque comme ça, c’était de rester indépendants, à savoir producteur des clips, des visuels, des albums, autrement dit tout payer et tout faire toi même, ne pas avoir de réal ou de directeur artistique, d’avoir personne qui vienne en studio avec nous. Et comment on a fait pour que ça soit accepté ? Grâce a notre manager dont je parlais tout à l’heure, on est passé en radio et en télé tout seuls, sans l’appuie de personne, donc là ça a commencé à intéresser les gens et comme en plus on passait bien en radio et en télé (donc forcément pour eux dans leur tête ils se sont dit, tient ça peut marcher !) et plus ça montait plus on pouvait négocier le contrat qu’on voulait. Et seul Sony a accepté le contrat qu’on voulait, il y en a pleins qui avaient des conditions, nous on a refusé à chaque fois et par contre Sony on a accepté parce que c’est ce qu’on voulait. Aujourd’hui encore ça marche bien puisque nous on fait ce qu’on veut à Tarbes, chez nous, sans personne, on leur file et puis eux ils distribuent, font la promo, et ça marche très bien.

Donc vous avez votre Home Studio.

Oui.

Et dans vos albums vous avez une chanson fétiche, ou du moins une chanson que vous jouerez toujours en concert quoi qu’il arrive ?

C’est pas forcément la chanson fétiche qu’on jouera en concert. Et puis ça change en fait, ça fait très longtemps par exemple que j’ai pas ré-écouté les deux premier albums, même le troisième en fait, évidemment on a bossé un an dessus donc t’as pas envie d’écouter l’album, à part quand il est prêt la première fois mais après on y touche plus. Tu sais que tu vas le jouer pendant 2 ans tous les soir donc voilà. Mais par contre il n’y a aucune lassitude à jouer les morceaux. Cielo Ciego c’est un petit peu le chouchou parce que c’est grâce à lui que tout commence, c’est lui qui termine en gros nos concerts, c’est une histoire particulière ce morceau là. On le jouera toujours je pense.

Mais vraiment il n’y a aucune lassitude. Là ça va être notre quatrième concert de la semaine et on pourrait se dire qu’au bout de 4, quand t’as raconté 4 fois les mêmes blagues, c’est long quoi, mais non ! A chaque fois c’est réussi.

Et bien tant mieux. Et donc comme c’est vous qui écrivez vos propres chansons, pour écrire et composer une chanson, ça vous prend combien de temps en général ?

Ca dépend vraiment parce, moi j’écris les paroles dans le groupe, j’écris quelques musiques, les autres écrivent beaucoup de musiques, ils font les arrangements, la réalisation, donc il n’y a vraiment pas de secret. Dans le premier album j’ai pas mal écrit de trucs ensuite c’est eux qui arrangeaient (enfin Florent et Jean-No) mais sur le troisième ça a beaucoup été Flo, Jean-No, Jérem qui ont fait des musiques et moi j’écrivait par dessus. C’est un peu nouveau. J’aime beaucoup faire ça, il n’y a aucune recette là-dessus, vraiment ça dépend de pleins de trucs.

Il y en a une que vous avez écrite plus vite que les autres ?

Ouais, Emmène-moi, le texte je pense qu’en 5min il était fait. La musique, quand j’ai reçu ça, j’ai eu besoin d’écrire en fait. Mais pareil, en fait j’écris très vite. Pour Tu danses et puis tout va aussi, le couplet à été fait en… Ben juste le temps de l’écrire en fait et c’est quelques secondes après que j’ai écrit le deuxième, en ayant peur de ne jamais retrouver le fil sinon.

Et bien bravo, parce que connaissant la chanson, ça paraît compliqué d’écrire.

Mais c’est pas compliqué nos paroles franchement. De moins en moins compliqué. Avant j’étais jeune et j’essayais de montrer aux gens que je savais écrire maintenant je m’en fiche et je préfère faire des trucs simples et je me rends compte que, que se soit Souchon, Cabrel, c’est ça le secret en fait. Faire des trucs simples, c’est très dur en fait. Mais… C’est un peu mystique mais c’est comme une transe, t’écris d’un coup et puis c’est là quoi. T’as même l’impression que c’est pas toi qui l’a écrit.

Comme vous êtes 9 dans le groupe et tous d’influences super différentes, c’est pas trop dur pour vous de vous mettre d’accord sur un titre ?

C’est sûr qu’on n’écoute pas du tout les mêmes choses, c’est un truc de fou. On se rejoint sur pleins de choses, évidemment qu’il y a pleins d’artistes qu’on écoute ensemble avec plaisir et qu’on adore aller voir en live, on a prit des claques sur Manu Chao, sur Stromae, étrangement sur Christophe Maé dernièrement, sur pleins de trucs on a prit des claques ensemble et c’est cool, mais c’est vrai qu’on est quand même très différents. Moi j’écoute Delerm et eux ils écoutent Skrillex tu vois, rien à voir quoi ! C’est ça qui est très intéressant, très intéressant en terme d’expérience personnelle déjà parce qu’il faut faire avec le groupe, on est pas une identité personnelle, on est un groupe et comme on est des potes d’enfance c’est pas très compliqué, on se connaît par cœur donc on accepte en fait. Quand on adore ce qu’on fait et que ton pote te dit « franchement c’est nul » ben tu fais « bon ben d’accord », mais tant pis, ce sera pas pour le groupe donc tu mets de côté. Et si ils font des chansons et que moi je dis que ça me parle pas du tout, ils mettent dans un tiroir du coup. Et il y en a énormément des déchets, des textes de côté, des musiques de côté.

Et du coup pour finir, il y a un truc que tu voudrais rajouter, dire aux lecteurs de Froggy’s Delight, ou une question que je ne t’ai pas posée ?

Non non non, rien du tout, c’était très bien.

Et bien dans ce cas je te remercie !