Spectacle musical mis en scène par Michel Fau d'après une trame de Christian Siméon, avec Michel Fau et Antoine Kahan accompagnés par les musiciens Mathieu El Fassi, Laurent Derache et Lionel Allemand.
Après "L’impardonnable revue pathétique et dégradante de Monsieur Fau" et "Récital emphatique", Michel Fau poursuit son exploration de l'interlope, du transgenre, du travestissement, de la féminité parodique, de la posture artistique, de l'art théâtral ainsi que du chant dans tous ses états.
Après la meneuse revue et la diva lyrique, le voici "ré-incarné" en vraie-fausse star peroxydée des années cinquante dont le coeur de midinette se pâme au rythme de chansons d'amour de bastringue dégoulinantes d'un sentimentalisme tragi-comique dans un opus en forme de jubilatoire psychodrame en-chanté.
Tramé par Christian Siméon, jouant - et déjouant - les codes de la culture "camp" et les icônes "queer", l'opus intitulé "Névrotik Hôtel" est sourcé dans les "fonds de tiroir" de l'escarcelle de spécialistes du genre, essentiellement les chansons de Michel Rivgauche, qui fut le parolier d'Edith Piaf, mises en musique par Jean-Pierre Stora.
Ainsi exhume-t-il d'inénarrables "perles" au titre éloquent, telles "La moustiquaire du Caire", "Le printemps dans le Sussex" ou "Coup de foudre sur la montagne", que Michel Fau, orfèvre en matière de folies-bouffe, a réuni en un collier sur-mesure pour castafiore néo-réaliste.
Perché en équilibre précaire sur des salomés dorés, looké façon Catherine Deneuve dans "Huit femmes", sanglé dans une robe de la couleur vert amande du célèbre macaronier de la Rue Royale, au bustier drapé ouvert sur un décolleté généreux, emperlousé et enstrassé comme Dame Edna Everage et exubérante comme Jacqueline Maillan sur scène, Michel Fau campe Lady Margaret, une riche et coquette rombière errant de gare en palace pour combler sa solitude.
Emmanuel Charles a conçu un décor de chambre d'hôtel de style "Harlequin", monochrome rose cartlandien et format pop-up de cartoon dysnésien avec lit de princesse et angelot rococo, que la gironde dame investit à la manière d'un petit théâtre intime.
Emoustillée par le groom bonbon rose et vice-versa interprété par Antoine Kahan, petit gabarit musclé de mâle homoérotique façon Jean-Paul Gaultier avec la moustache virile du feu front man de Queen, elle y brûle ses dernières cartouches en l'engageant pour un passage en revue de sa vie délivrée en bouffées érotico-névrotico-musicales autour de sa plus belle histoire d'amour.
Avec son goût assumé pour la théâtralité, ses récurrentes et irrésistibles incursions dans le registre durassien et le jeu déclamatoire et sa maîtrise de la diction et du langage gestuel, Michel Fau navigue toujours magistralement entre parodie, pastiche et caricature, démesure, burlesque et émotion.
Accompagnés par les musiciens Mathieu El Fassi, Laurent Derache et Lionel Allemand, respectivement au piano, à l'accordéon et au violoncelle, Michel Fau et Antoine Kahan forment un tandem épatant qui revisite également le classique duo de clowns pour dispenser cette divertissante "comédie musicale de chambre". |