Vendredi 6 janvier 2017 avait lieu le premier concert du groupe INO ARA, en "formule à 4", à La Menuiserie, à Pantin. Concert de fin de résidence, avec un EP enregistré live en prime, uniquement pour le chanceux public présent. Et ils étaient nombreux à s’être pressés dans ce lieu de vie culturel parisien, au charme certain. La salle était comble et fut comblée.
Ce n’était pas la "vraie" release party, qui devrait avoir lieu en mars (sortie officielle de l’EP) mais un petit cadeau aux fans de la première heure.
Nous avions déjà entendu parler d’INO ARA, Grand prix Manufacture chanson, Grand prix du Point FMR, Prix du Jury de Cachan, sélectionné au Grand Zebrock en 2016, mais lors, seules Fanny Charmont et Sarah Amsellem se mettaient en scène, à l’aide de "boucles", la première au chant et la seconde en "femme orchestre" assurant les chœurs, la basse au moog, la rythmique au sampler et les harmonies au clavier. Elles faisaient déjà les premières parties de Miossec, LEJ ou encore Nosfell…
Poussées par le désir de rendre leur musique plus "vivante", avec une section rythmique (basse / batterie) jouée par de vrais musiciens, elles demandent à Maël Guezel (batterie, percussions) et Julien Rieu de Pey (basse, chœurs) de les rejoindre en septembre dernier. Depuis, c’est un nouveau "son" qui nous est proposé, plus "organique", venu nourrir cet esprit Animal Sauvage (titre de l’EP Live).
Et d’Animalité il en est bien question, dans son sens le plus noble, dans ce côté instinctif et brut, oui "Sauvage".
Fanny Charmont habite le son avec une voix de prêtresse chamanique et des mouvements de danse presque tribale, tantôt invocatrice tantôt murmurante, avec en support la voix incantatoire de Sarah Amsellem et ses claviers percutants ou planants selon le titre. Maël et Julien amènent leur musicalité juste et amplifiée, dans l’intensité comme dans l’ambition, plus rock sans doute et on sent un lourd bagage musical (en effet, cela fait plusieurs années que ce duo masculin habite d’autres scènes et ça s’entend, ça se voit). Ceux qui étaient au concert d’ouverture du Bataclan, par exemple, auront d’ailleurs pu voir Maël percussionniste aux côtés de Sting (s’il vous plaît !).
Il y a une douce violence, de la sensualité qui se dégage de ces vibrations et le summum intervient lorsque sur un titre, la musique se tait pour laisser les deux voix seules s’épouser… là le mariage est divin, subtil, sublime, presque orgasmique. Je n’ai su qu’après, ce moment ne durait que 30 secondes ! Et bien j’ai vécu 30 secondes d’éternité.
Les paroles en français dans le texte sont puissantes, enrobées dans une guimauve aux couleurs de l’enfance avec un cœur de punk au désespoir. L’énergie musicale est colorée, les textures travaillées comme des palettes de couleurs. L’écriture à quatre mains (voire 8 pour les arrangements) se fait miracle.
Dans les compositions, on retrouve ici la "patte" Sarah Amsellem, qui compose aussi pour d’autres formations, une pop électro qui n’a rien à envier à nos cousins anglo-saxons. Le clavier sample, tape et sait se faire mélodie presque classique ; un savant mélange toujours en équilibre qui porte haut, très haut, l’univers de ce drôle de groupe ; exceptionnel ! Mes titres préférés : "Quitter l’hôtel", "Gertrude", "Chéri"… je vous mets au défi de rester insensible à ce génie créatif, avec des sons captés dans la vie, dans des films ou sur un sampler, mis bout à bout, comme pour tout bousculer, de façon percutante mais avec des claviers ruisselants de mélancolie et de sensibilité.
Écouter INO ARA, c’est comme casser en mille morceaux d’un puzzle tous les codes établis, pour mieux les assembler, en redessinant un paysage musical hors du commun.
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