Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Cyril Mokaiesh
Clôture  (Un plan simple / Sony)  janvier 2017

"On vous laisse la tribune, les honneurs du pouvoir, on vous laisse voler la victoire. On vous laisse le soin de bien ingurgiter notre part de votre marché. On vous laisse notre âme sur le bas coté, endettée, endettée, en détresse. A genoux de chagrin d’avoir fait le baise main à l’austérité son altesse".

C’est par ces maux que débute le superbe dernier album que vient nous livrer Cyril Mokaiesh pour cette fin de mois de janvier.

Clôture arrive dans les bacs le 20 janvier, cinquième album de l’auteur compositeur aux textes poignants, de loin son meilleur album à mes yeux, et mes oreilles aussi.

Comme il aime à le dire en présentant son nouveau disque, Cyril Mokaiesh regarde droit dans les yeux son époque, notre époque : l’austérité, l’Europe, les attentats, la montée du FN… Ca tape très fort d’entrée avec la première chanson, la loi du marché, sublime duo avec Bernard Lavilliers, parfait pour chanter les textes acerbes contre cette Europe désenchantée et son libéralisme sauvage.

Cette chanson, hymne anti-européen, s’accompagne d’un clip réalisé par Stéphane Brisé, l’auteur du film La loi du marché avec Vincent Lindon. Construit à partir d’images montrant la réalité, sans vouloir faire pleurer dans les chaumières, il fustige notre triste Europe pour qui la loi du marché prime sur le devenir de peuples, certains la voyant comme un idéal. On y entend la voix de Robert Schuman, l’un des pères fondateurs de l’Europe, nous parlant d’une Europe aujourd’hui tragiquement disparue, loin de ses idéaux passés. Edifiante et consternante Europe, le clip et les textes nous ramènent à nos réalités, celle d’une Europe qui ne partage plus, refermée sur elle-même.

En prenant fait et cause pour les migrants : "Cap sur l’Angleterre depuis la Guinée, t’as le temps d’apprendre à nager. On vous laisse de quoi vous distraire et vous en aller... On vous laisse nos frontières se refermer... sur la Méditerranée", Mokaiesh poursuit son combat militant engagé il y a plusieurs années avec le titre "communiste" qui dénonçait déjà le capitalisme dans l’album Du rouge et des passions. Pour un album portant le nom de Clôture, on peut dire que Mokaiesh a soigné son ouverture. Chanson magnifique, tout simplement. Les images parlent d’elles-mêmes, les textes de Mokaiesh livrent le coup fatal.

Dans "Je fais comme si", Mokaiesh parle d’amour, c’est sûr, de la gauche aussi un peu, avec la référence à la rose, évanouie. Il regrette qu’"il n’y ait plus de folie, de grands soirs". Qu’importe, cette chanson semble avant tout une chanson d’amour, une vraie et belle chanson d’amour. De cet amour, nous dit-il, il en attendait beaucoup. Entre espoir déçu, amours restants, il avance, vide les bars, devient fou. Il va, il vit, il pense, il sourit, il fait comme si…

On l’imagine déambulant dans la rue, marchant des heures en traversant cette société qui l’indigne. Avec Mokaiesh, l’amour peut facilement se mêler à la politique. Après tout, s’engager en politique, cela ressemble souvent à s’engager en amour. Le romantisme politique peut-être ?

On retrouve ensuite l’écriture élégante de l’auteur sur toutes les autres chansons de l’album. Chantre du désarroi, des illusions perdues et des espoirs, ses textes font mouche à chaque fois. Il nous chante ses souffrances, ses malheurs avec "Blanc cassé", superbe ballade acoustique sur fond de rupture "où l’amour se repose". Les sentiments paternels arrivent avec "32 rue Buffault" où il avoue parfois "ne pas être un cadeau". Une fois encore, Mokaiesh soigne le texte pour exprimer ses sentiments. "32 rue Buffaut, j’apprends comme toi à épeler le mot papa. 32 rue Buffaut, bien souvent il nous manque les mots pour que l’amour se déploie 8 jours par mois". C’est simple, beau et efficace.

L’absence, le deuil, la résilience, tout y passe même les attentats avec "Novembre à Paris", hommage aux morts et rescapés des actes "de ces vols noirs de corbeaux qui nous font brandir nos drapeaux". Le choc traumatique est passé, la musique est là aussi pour que l’on n’oublie pas.

Deux autres duos sont présents sur l’album, "Houleux", inventaire d’un couple où Elodie Frégé vient l’accompagner, lui répondre dans un tête-à-tête compliqué mais charmant et "Une vie", avec Giovanni Mirabassi, chanson piano voix superbe et délicate.

Perfectionniste dans l’âme, l’album ne pouvait se terminer autrement que par le titre éponyme de l’album qui clôture idéalement ces instants de vie chantés , les siens, les nôtres, toutes ses blessures pas encore complètement refermées et enfin toutes ces indignations.

Cette chanson, "Clôture", commence par un texte lu, sans musique, puis des questions posées sur un fond musical dont l’intensité augmente petit à petit. L’indignation face à l’Europe revient, le capitalisme en prend de nouveau plein la gueule et on aime ça. Et puis à la fin, il nous annonce qu’il reviendra, tant mieux !

Chanteur indigné plus qu’engagé, Mokaiesh nous livre un album somptueux. A la fois manifeste politique mais aussi témoignage de notre pathétique époque où les violences sociales s’accroissent, l’artiste y ajoute ses rêves brisés mais aussi sa tendresse, son romantisme déjà vu dans ses précédents albums. Album complet et complexe, il représente le chant d’un partisan du 21ème siècle. Un partisan en plein doute, qui ne croit plus dans les médias, dans la politique mais aussi parfois en l’amour. Un partisan sceptique devant l’humanité, un partisan déçu de la gauche pour qui la finance était l’ennemi, vaste blague. Un partisan pour qui l’optimisme s’amenuise comme peau de chagrin.

De tout ça, de ces sombres réalités, Mokaiesh les transforme en belles musicalités. Mokaiesh fait partie de ceux qui savent transformer le réel en beau ! Chapeau bas Partisan.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Paris-Beyrouth de Cyril Mokaiesh
La chronique de l'album Dyade de Cyril Mokaiesh
L'interview de Cyril Mokaiesh (mardi 21 février 2017)

En savoir plus :
Le site officiel de Cyril Mokaiesh
Le Soundcloud de Cyril Mokaiesh
Le Facebook de Cyril Mokaiesh


Jean-Louis Zuccolini         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

• A écouter aussi sur Froggy's Delight :

Cyril Mokaiesh (21 février 2017)


# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil

Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch
"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard
et toujours :
"Le carnajazz des animaux" de Dal Sasso Big Band"
"Deep in denial" de Down To The Wire
"Eden beach club" de Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce
"Ailleurs" de Lucie Folch
"Ultrasound" de Palace
quelques clips en vrac : Pales, Sweet Needles, Soviet Suprem, Mazingo
"Songez" de Sophie Cantier
"Bella faccia" de Terestesa
"Session de rattrapage #5", 26eme épisode de notre podcast Le Morceau Cach

Au théâtre

les nouveautés :
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille
"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
zt toujours :
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

et toujours :
"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz
"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle
"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
et toujours :
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=