Avec son premier album, L'Alchimie Des Monstres, Klô Pelgag est devenue une des étoiles montantes de la chanson québécoise. Dans L'Etoile Thoracique, son second album, on retrouve ce qui est déjà sa marque de fabrique, une pop ciselée avec de magnifiques arrangements de cordes qui accompagnent des textes à la poésie surréalistes et pourtant très intimes. Nous avons rencontré la jeune femme à Paris, aux studios Feber, là-même où une grande partie de l'album a été enregistré.
Lorsqu'on écoute L'Etoile Thoracique, l'ordre des chansons est-il important ? Considères-tu que ton album raconte une histoire avec un début et une fin ?
Klô Pelgag : On a choisi un ordre, parce que certaines chansons se répondent les unes aux autres. Mais ce n'est pas un concept album, l'auditeur est libre de se balader d'une piste à l'autre. On peut commencer par les fin.
Tes idées naissent-elles lors de tes nuits d'insomnie ?
Klô Pelgag : Juste avant de s'endormir, il y a un moment où tu commences à rêver tout en restant encore conscient. Plusieurs fois, j'ai eu des idées de mélodies à ce moment-là. Je n'ai pas le courage de me lever pour enregistrer parce que je sens que le sommeil est en train de venir. Souvent je le regrette parce que je sais que, le lendemain au réveil, mon idée se sera évaporée. Mais parfois la mélodie traverse la nuit. Ça a été le cas pour "Les Mains d'Edelweiss" dont l'idée de la musique m'est venue dans un demi-sommeil juste avant de tomber dans les bras de Morphée.
Ta chanson "Au Musée Grévin" est-elle née à Paris ?
Klô Pelgag : Non. J'ai écrit ce texte en pensant au Musée Grévin de Montréal, même si je ne l'ai pas encore visité. Il y a depuis quelques années un Musée Grévin au Québec. Ça permet d'avoir la même référence des deux côtés de l'Atlantique.
On te retrouve entourée de la même équipe que pour L'Alchimie Des Monstres. Ce second album est-il un prolongement de ton premier album ou un projet totalement différent ?
Klô Pelgag : Le processus de création a été très différent. Les chansons de l'Alchimie Des Monstres, je les avais écrites et je les jouais mais sans même savoir si j'aurais un jour la chance de les sortir sur un disque. Pour ce second album, il n'y a quasiment aucune chanson que j'ai abandonnée en cours d'écriture. Je les ai triturées et travaillées jusqu'à ce qu'elles me conviennent. Par contre, il y a une cohérence dans le propos. Les deux albums ont la même essence. En cela, c'est une suite à l'Alchimie Des Monstres, avec néanmoins une évolution dans l'esthétique.
Ressens-tu une attente différente de la part du public ?
Klô Pelgag : Oui. Il y avait beaucoup d'attente, surtout au Québec. Ça me stressait énormément. Comme le premier album avait connu un gros succès, je savais qu'on m'attendait au tournant. Je suis passée par toute une gamme d'émotions avant de réussir à m'en foutre et à faire mon truc. Et maintenant qu'il est sorti, il a été globalement bien reçu.
Vois-tu la chanson comme une forme de lâcher-prise ?
Klô Pelgag : Totalement. C'est très intime. C'est étrange de faire ça parce que tu te livres complètement lors de l'écriture. Ces chansons sont hyper personnelles et mes émotions y sont tangibles. Aller à la rencontre des gens avec mes chansons, ça me demande encore une autre forme de lâcher-prise. Faire un clip, par exemple, c'est comme confier ma chanson à quelqu'un.
Sur scène, sens-tu un décalage entre toi et ce que les spectateurs projettent sur toi et te renvoient ?
Klô Pelgag : Certains spectateurs me connaissent déjà ou ont bien écouté le disque. J'ose espérer que ceux-là saisissent qui je suis dans ma complexité. Mais ceux qui me connaissent moins ont juste l'image d'une jeune femme bizarre, un peu folle. Je sens aussi parfois le décalage en dehors de la scène. Par exemple, il est déjà arrivé qu'on demande à mon gérant s'il était difficile de travailler avec moi. Ceux-là, je me demande quelle image ils peuvent bien avoir de moi. (rires)
Lorsque tu es sur scène, tu portes des costumes loufoques, un costume de pizza ou d'avocat (le fruit) par exemple. Tout cet univers décalé sert-il à maintenir une distance entre le public et l'intimité que tu déverses dans tes chansons ?
Klô Pelgag : Pas du tout. Au contraire, c'est une manière de les inviter à entrer dans ma tête. Pour moi, c'est du partage. J'essaie de concocter un spectacle spécial pour le public qui vient me voir. Je veux surprendre les spectateurs et qu'on prenne du plaisir ensemble. Il y a un décor, des costumes, je fais des blagues... Ça n'a l'air de rien, mais c'est exigeant. Je le vois comme une forme de respect envers le public. La soirée est réussie lorsqu'on a du fun ensemble, que je parviens à les emmener dans ma réalité un peu différente de la leur et qu'ils rentrent chez eux des morceaux de chansons dans la tête.
Pour terminer, quelle est la question qui te tourmente ?
Klô Pelgag : Pourquoi l'humain est-il méchant ? Qu'est-ce qui le rend méchant ?
|