Comédie musicale écrite et mise en scène par Sophie Jolis, avec en alternance David Barrio, Fréderic Beudaert, Maxime Beulé, Stéphanie Arguillère, Caroline Calvo, Joëlle Champeyroux, Coline Lardeux, Anne-Sophie Lebrun, Framboise d’Ortoli, Nicholas Mcisaac, Axelle Reboul, Alain Sorrenti, Anne-Laure Triebel, Emmanuelle Triebel et le pianiste Michel Goubin.
Voilà donc une petite, par ses moyens, comédie musicale qui a tout d'une grande et rien à lui envier bien que ne bénéficiant ni d'une production pharaonique ni de têtes d'affiche ultra-médiatisées mais qui, en contrepartie, est dispensée par de véritables passionnés soucieux d'entraîner le public dans le monde merveilleux du spectacle musical.
Aux manettes, à la plume, à la clé de sol et à la mise en scène, la comédienne, chanteuse, metteuse en scène, musicienne et auteure-compositrice Sophie Jolis qui conçoit régulièrement pour la troupe bigarrée, car composée de professionnels d'amateurs éclairés et de jeunes pousses en devenir, de la Compagnie Croc-en-Jambe dont elle est la fondatrice, des partitions théâtro-comico-musicales.
Pour le millésime 2016, elle s'est plongée dans la mythologie riche en récits fabuleux mettant aux prises les dieux et les hommes et, plus précisément, sur le mythe de Psyché qui a fait du bruit dans le landernau olympien dont elle recontextualise les personnages en membres d'une grande famille recomposée suite aux frasques conjugales du patriarche Zeus (Benoît Boehm).
Celui-ci qui éprouve bien des difficultés à juguler la jalousie de son épouse Héra (Anne-Laure Triebel), son "ex" et belle-soeur Démeter dévouée au bio et toqée de la patate (Caroline Calvo), ses fils enfants terribles Dionysos (David Barrio) et Hermès (Alain Sorrenti) et ses filles borderline Athéna (Stéphanie Arguillère), Perséphone (Emmanuelle Triebel) et surtout Aphrodite (Framboise d’Ortoli).
Celle-ci, très contrariée par la beauté de la jeune Psyché (Axelle Reboul), fille du roi de Cythère ne pouvant supporter une rivale de surcroît adulée de ses congénères mortels, charge son fils Cupidon (Nicholas Mcisaac) de la vouer à l'amour d'un monstre.
Mais Cupidon tombe amoureux de Psyché ce qui déclenche la colère de sa déesse de mère et déboussole l'Oracle (Frédéric Beudaert) mais donne aux Dieux une occasion de se divertir en leur longues journées d'éternité.
Ponctué par les intermèdes-vignettes de la fantasque et frondeuse divinité Fortuna (Joëlle Champeyroux), "Une (drôle) de Psyché", dispensée par douze chanteurs-comédiens, dont la plupart campent également les personnages de la famille de Psyché, accompagnés par le sémillant pianiste Michel Goubin, constitue une belle pépite qui s'avère, conformément à son annonce non usurpée, un "spectacle divin" avec "de l'humour, de la fantaisie et du chant pour revisiter la mythologie".
Avec des textes jubilatoires, des mélodies éclectiques et des scènes variées, du comique à la romance, riches d'inventivité loufoque, la partition parodique, (im)pertinente et ludique de Sophie Jolis fait mouche notamment avec ses tableaux choraux et chorégraphiés et multiplie solos, duos et trios équitablement répartis pour veiller également au plaisir des interprètes.
Point de décor mais Françoise Gauthier a d'originales idées scénographiques avec des objets détournés ou customisés, tels le présentoir de bonneterie vintage utilisé pour les bas et collants, la lampe-bottine ou les mannequins plâtrés en clin d'oeil aux bustes antiques, et pour les costumes, Telen opère dans le registre coloré du costume d'opéra-bouffe et le syncrétisme stylistique qui apporte une touche supplémentaire d'originalité au divertissement.
L'interprétation s'avère émérite et donc tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes en-chantés.
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